/
/
  1. Accueil
  2. Ecrits & Publications
  3. Françoise Dolto - Fiche de lecture de ses séminaires Tome 2 et 3
Retour

Françoise Dolto - Fiche de lecture de ses séminaires Tome 2 et 3

 

Séminaire de psychanalyse d’enfants 2

 

Dès le début de ce texte, je note ceci qui nous rappelle combien le symptôme de l’enfant concerne les parents : « leur enfant n’a rien à faire d’une psychothérapie ; ce sont eux qui en faisaient la demande, parce qu’ils n’étaient pas capables de lui donner la castration » (p. 11). Elle ajoute même que les entretiens préliminaires sert à la castration des parents eux-mêmes (p. 13) qui puisse leur permettre de voir leur enfant comme un être désirant, tout comme eux.

 

J’ai noté particulièrement dans ce livre comment Dolto conçoit et procède la cure avec un enfant. Selon elle, il s’agit d’ouvrir des voies nouvelles lorsque des castrations n’ont pas pu être données par les parents (orale et anale) et d’arrêter le travail avant la castration œdipienne qui doit se vivre avec les parents.

La castration orale a pour effet de pouvoir parler en son propre nom, « et non pas dire ce que les parents veulent que l’on dise. C’est avoir un imaginaire différent de celui des parents » (p. 14). La castration anale a pour effet un faire qui n’est plus articulé au désir de la mère : « ce n’est plus un faire par, avec ou contre la mère, c’est un faire pour soi-même » (p. 14)

 

Après l’Œdipe, Dolto nous dit que l’enfant se construit un idéal du moi qui n’est plus personnifié par tel ou tel adulte

 

Concernant la phobie, Dolto souligne que « c’est toujours à la fois le désir et la peur d’être cet objet, c’est la crainte d’être l’objet qu’on voudrait être. » et elle ajoute : « il s’agit véritablement d’un danger intérieur pour le sujet, or, tout ce qui est intérieur met en jeu la relation à la mère introjectée » p(22-23), à sa toute-puissance érotisante.

 

Le cas clinque d’Alexandra donne un exemple de comment une cure, même quand le clinicien a le sentiment que rien ne bouge, même quand la patiente dit que ça ne sert à rien, finalement, cela aboutit. Et de nous rappeler que quand on ne sait pas quoi faire, le mieux est de se taire (p. 50).

 

Concernant le cadre avec les enfants, Dolto rappelle que les parents doivent être suivis, par quelqu’un d‘autre, dans un autre lieu et que ce qui compte, « c’est de comprendre l’Œdipe des parents » (p. 59) car « c’est toujours en les ramenant à leur Œdipe que vous comprendrez les projetions pathogènes des parents sur leurs enfants » (p. 60)

Dolto détaille régulièrement l’importance de l’anamnèse, retracer la chronologie des évènements, les prénoms, les dates et en fait démonstration dans la symptomatologie du patient. Et encore et toujours, elle insiste sur la nécessité de dire aux enfants la vérité.

Je relève aussi ce que Dolto nous apprend à propos des bébés : « ce sont les premières choses entendues, dès sa naissance, qui le marquent toute sa vie et qui restent indélébiles sur la bande magnétique de sa mémoire » (p. 96)

 

 

Je note aussi ceci que la psychanalyse « c’est savoir ce que le sujet répète » (p. 84).

J’apprécie la simplicité et l’évidence avec laquelle Dolto semble énoncer certaines choses, ce qui permet de les entendre ou de les garder à l’esprit de façon plus certaine.

 

Je note cette belle formule : « N’oublions pas que l’inconscient n’en finit jamais de nous apprendre là où surtout il nous surprend ». (p. 55)

Et aussi : « Si l’inconscient est structuré comme un langage, c’est qu’il se constitue de questions et de réponses » (p. 62)

Ou encore : « Un être qui parle ne peut admettre être né d’un acte dont ni le père ni la mère ne peuvent lui parler comme d’un acte beau » (p. 137)

 

Comme nous l‘avons fait à notre dernier colloque, Dolto insiste sur l’importance du père symbolique et je trouve sa définition très belle : « ce n’est pas le père de sang qui est important, c’est le père symbolique, celui au nom de qui sont valorisées les pulsions actives de tous les stades et les castrations successives de la libido, c’est-à-dire un être humain qui se montre accompli dans son comportement et accordé à la loi, vis-à-vis de son âge et de son sexe » (p. 106).

 

Concernant le paiement symbolique, il est important aussi en ce que « l’enfant ne devienne pas la chose de ses parents » (p. 110).

 

J’ai été surprise de lire que pour Dolto, ce qui se dit sr le divan est fantasme, et ce qui se dit en face à face debout, face au psychanalyste, c’est assumer son désir (p.111). Qu’en pensez-vous ?

 

A propos du psychotique, Dolto dit « le psychotique a la fonction symbolique, mais chez lui, elle tourne à vide, sans moyens de communication perceptible par nous. (…) comme il n’y a pas de représentations possibles sans un code, cette fonction symbolique ne peut se passer de moyens, c’est-à-dire des médiations que sont les perceptions et la castration. Accepter un codage, c’est accepter une castration : c’est reconnaître que, pour pouvoir exprimer ses propres perceptions et recevoir celles d’autrui, il est nécessaire de passer par un code commun » (p. 144-145).

Cela m’a beaucoup éclairé sur le fait que ce n’est pas forcément un défaut de la fonction symbolique dont il s’agit chez le psychotique, mais que c’est au niveau du code que ça coince. Je pense à l’autisme et ce refus du code, de partager un code commun pour entrer en communication avec l’autre. Je trouve ça beaucoup plus éclairant.

 

Dolto nous rappelle que la castration n‘est pas la rétorsion. Les parents qui donnent la castration doivent eux-mêmes s’y soumettre. Ainsi seulement la castration est humanisante et « libère de la dépendance à l’autre ». (p. 182)

 

Je relève deux dernières formules saisissantes :

 

« C’est extraordinaire, les choses qui ne sont pas dites, on n’a pas le droit de les savoir dans sa pensée » (p. 190)

 

« Il faut absolument dire la vérité aux enfants, ils sont trop malins pour ne pas être en mesure de la recevoir « (p. 199)

 

 

Séminaire de psychanalyse d’enfants 3

 

J’ai pris moins de notes dans ce dernier tome qui est davantage encore consacré au cas cliniques et leur développement très précis. Dolto amène des histoires assez incroyables et déplie remarquablement les avancées de la cure et les liens entre les symptômes et l’histoire du patient. C’est assez remarquable à lire. Je retiens les nombreuses fois où elle signale qu’après 3 ou 4 séances, le patient est « guéri ». C’est assez interpellant et questionnant d’efficacité quand même.

 

Je retiens au début du texte ce que Dolto dit que l’enfant sait, son inconscient sait, de même que l’adulte, mais l’enfant a moins de résistance. (p. 9).

 

J’ai trouvé remarquable aussi ce que Dolto évoque de la naissance, que l’enfant nait en s’asphyxiant et que la naissance représente une mort de tout ce qui était avant, de tout ce qu’il percevait avant.

 

Dolto donne une définition intéressante du symptôme : « En fait, le symptôme, c’est la demande : c’est grâce au symptôme qu’on vient demander à l’analyste une aide pour comprendre ce qui se passe ; mais derrière la demande, il y a tout un ensemble complexe, condensé dans le symptôme » (p. 17).

Et elle ajoute à propos du symptôme obsessionnel qu’il est signe que l’être est sous tension d’un désir interdit, « l’obsession est toujours le signe d’une résistance à un désir ; à un désir qui cogne contre un interdit surmoïque » (p. 18).

 

Et Dolto nous rappelle comment la crise œdipienne peut prendre des « tournures psychiatriques », soit des formes symptomatologiques gravissimes. Je pense qu’on peut dire que c’est la même chose pour les adultes qui en sont toujours empêtrés.

 

Dolto nous rappelle aussi qu’il ne s’agit pas, avec les enfants, de faire les choses pour de vrais mais de les représenter. De la même façon, il me semble que c’est pareil avec les adultes et que cela peut être rappelé au patient quant il est aveuglé par une résistance de transfert, et qu’il répète au lieu de dire.

Dolto insiste sur le fait que nombre d’enfants n’ont pas besoin d’une psychanalyse personnelle, que Dolto paraît trouver longue. Pour beaucoup, il s’agit juste, nous dit-elle, d’une « analyse de la situation anale-orale, anale-génitale qu’il faut faire ». La psychanalyse personnelle serait à réserver aux enfants « traumatisés » (p. 91).

Plus loin, elle évoque le fait qu’il faut prendre en compte ce qui se passe à la maison et ce qu’il en est du père. S’il s’agit de la crise œdipienne et que le père ne joue pas son rôle, il est plus efficace nous dit-elle que le père s’affirme et rappelle à l’enfant que sa mère est sa femme, au lieu de faire une psychothérapie de 6 mois. (p. 138)

 

Je retiens la différence éclairante que Dolto fait entre objet fétiche et objet transitionnel. L’objet fétiche représente un objet partiel, alors que l’objet transitionnel représente lui une relation dans laquelle l’enfant se sent objet partiel de la mère.

 

Concernant les cas d‘inceste, Dolto affirme que le père, ce n’est pas le géniteur, mais c’est celui qui a élevé, aimé et admiré l’enfant quand il était petit (p. 192). Le père symbolique prime sur le père réel. Cela s’entend, mais n’est-ce pas contradictoire avec ce qu’elle affirme aussi qu’il faut dire la vérité aux enfants ?

 

Quant à cette femme qui n’a pas de relations sexuelles avec son mari lors de la grossesse pour « rester fidèle à son enfant », no comment ! Si ce n’est ce qu’ajoute Dolto : « reste fidèle au piège de la maternité » (p. 223).

 

Enfin, j’ai été interpellée par cette indication de ne pas dire à l’homme qu’il est stérile, car cela peut changer. Je trouve qu’il est bien difficile de faire confiance à la médecine et aux diagnostics quand nous voyons à quel point ce que la médecine prend pour de l’organique ne l’est pas. C’est vraiment questionnant !

Me contacter
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
À découvrir
Faire une psychanalyse à Paris 10è
En savoir plus +

Brève 04-06-2020 - Un savoir qui n'est pas du semblant

Julie MortimoreJeudi 04-06-2020Un savoir qui n'est pas du semblant Cette brève m’est inspirée d’une séance de ce mati...
En savoir plus
Faire une psychanalyse à Paris 10
En savoir plus +

Angoisse, jouissance et objet a

Après avoir rappelé les avancées freudiennes quant à la question de l’angoisse, Julie Mortimore Billouin propose, à pa...
En savoir plus
Consulter un psychothérapeute à Paris 10
En savoir plus +

"Je recherche un miroir"

Julie Mortimore 02-07-2020   « Je recherche un miroir »   Ce matin, à ma consultation quotidienne, un patient évo...
En savoir plus
Écrire à Julie Billouin
create Me contacter