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Brève 04-06-2020 - Un savoir qui n'est pas du semblant

Julie Mortimore
Jeudi 04-06-2020

Un savoir qui n'est pas du semblant
Cette brève m’est inspirée d’une séance de ce matin avec une psychanalysante. Celle-ci vient trois fois par semaine à ses séances et honore ainsi son désir de savoir, ce beau désir caractéristique de la position de psychanalysant qui pousse l’être à venir associer librement ses pensées et ainsi, séance après séance, savoir sur son désir inconscient. Elle évoque une dispute, juste avant d’arriver à sa séance, avec une amie qui visiblement va très mal. Celle-ci a eu une grossesse extra-utérine, d’un enfant trisomique mort-né en cours de grossesse. Traumatisant pour la jeune femme, que cette psychanalysante a vu sombrer. Pour l’aider, elle dit que la seule chose qui lui est venu à l’esprit, c’est de lui indiquer la voie de la psychanalyse, puisque c’est celle-là qu’elle-même connaît. C’est tout à fait juste, c’est le psychanalysant, parce qu’il a le courage de venir se frotter à l’expérience de la cure psychanalytique, parce qu’il est ami du divan, qui a l’autorité pour dire, à quelqu’un en détresse, « prends cette voie-là ». La voie du désir, bien entendu. Cette psychanalysante est embourbée, encore, dans sa lutte contre son impuissance et la difficulté, humaine, à la supporter. C’est ainsi, on ne peut pas sauver tout le monde, et même, aucun autre (avec un petit a) ne viendra sauver qui ce soit. Pour se sauver soi-même, il faudra que l’être vienne rencontrer son grand Autre (avec un grand A) barré, l’Autre du symbolique, l’Autre de la loi et de la castration, l’Autre que Lacan nommait « trésor du signifiant ». C’est à travers cette rencontre-là, fondamentale, que l’être grandira et peut-être même, deviendra-t-il sujet dans son rapport à son existence, aux autres et au Réel. Cette rencontre, seule la psychanalyse en indique la direction.
 
Ce n’est pas la voie qu’a pris l’amie de la psychanalysante. Celle-ci est allée voir une « psy » qui la « conforte » en lui-disant que ce qu’elle vit, elle le vit parce qu’elle est « haut potentiel ». Parce qu’elle est « différente » (je cite ici les mots de la psychanalysante, entendus lors de la dispute). « Haut potentiel » aujourd’hui, « pervers narcissique » hier, demain quoi d’autre ? Quel autre mot à la mode sortira du discours « psy » pour désigner tout et tout le monde et expliquer, en bons maîtres qu’ils sont, tout et n’importe quoi ? Quelle autre étiquette entendrons-nous à longueur de journée dans nos consultations, ayant pour seule fonction d’entraver l’être sur son chemin, bien plus laborieux mais tellement plus joyeux, d’un véritable savoir sur lui-même ? Jacques Lacan[1] nous avait largement mis en garde, le discours du maître ne doit pas concerner le discours analytique. Autrement dit, psychanalyse et discours du maître sont incompatibles. Chez un psychanalyste, pas d’étiquette à se mettre sous la dent. C’est l’être, celui qui souffre, qui sait, et qui apprendra à dire et même, à bien dire. Chaque chose en son temps.
 
Évidemment, la psychanalysante voit son amie sombrer, tourner en rond, souffrir. Elle est allée au maximum de ce qu’elle pouvait faire, à savoir non pas donner des conseils et autres recettes miracles à une souffrance qui mérite, d’ailleurs, bien plus de considérations que toutes ces médiocrités mais indiquer une voie qui fonctionne, celle de la cure psychanalytique. Son amie ne l’entend pas, c’est sa responsabilité à elle seule. Mais comme dit la psychanalysante, « peut-être une graine est-elle semée dans son esprit », ce que je reformulerai ainsi : le signifiant psychanalyse a été lâché. Et même, offert à cette amie. Pour en faire bon usage, il faudra que la jouissance du symptôme soit prête à céder, au moins juste un peu, pour aller rencontrer un psychanalyste.
 

[1] Lacan, J. (1969-70). Le Séminaire, livre XVII. L’Envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991.

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