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Phallus imaginaire et phallus symbolique

Phallus imaginaire et phallus symbolique

 

Il m’a semblé important de revenir sur la distinction et le progrès en quelque sorte qu’il existe entre phallus imaginaire et phallus symbolique.

 

Le signifiant phallique est l’élément faisant fonctionner la représentation de la perte et la jouissance peut alors être chiffrée par le signifiant. Le phallus rend possible la coupure, le point de capiton. Chez le psychotique par exemple, la coupure est « baladeuse », elle n’en finit pas d’agir. Le psychotique est « une proie livrée à la jouissance d’un Autre déréglé »[1].

 

Entre le phallus imaginaire et le phallus symbolique, qu’est-ce qui opère ? Evidemment, la castration. La cure analytique amène à « un temps décisif : celui du face-à-face avec la castration. »[2]

 

Si le manque est absent, « c’est le sujet lui-même qui s’éjecte, ek-siste réellement, pour réaliser le manque. »[3]

 

Maleval soutient par ailleurs que « le phallus symbolique intervient pour normativer le langage du sujet ; il fait barrage à un investissement trop intense d’inventions hors discours »[4]. Le signifiant phallique organise le signifiant en une chaine. Maleval écrit d’ailleurs, « c’est au phallus qu’est dévolue la fonction d’opérer ce joint entre signifiants de l’Autre et jouissance du sujet pour donner à celui-ci le sentiment de la vie »[5].

 

Le phallus imaginaire (petit phi) concerne le rapport à l’objet, l’objet du désir de la mère. En lieu et place du rien, de la place vide, que seul l’objet a peut venir incarner, un objet fait obstruction : le phallus imaginaire. Il est une tentative de boucher le manque, mais aussi de faire avec l’énigme du désir de l’Autre.

 

Il faut bien distinguer de quel phallus on parle parce que la confusion est facile dans l’œuvre lacanienne. Au départ, le phallus c’est le signifiant du manque, et du désir de la mère. C’est bien un signifiant, pas un objet, pas un organe.

 

Le phallus symbolique (grand phi), il advient lui à partir du moment où le phallus imaginaire est négativé (moins phi). Lacan l’envisage d’abord comme un objet symbolique en tant qu’il se présente comme absence. Puis, au fil de son œuvre, il désigne le signifiant de la jouissance, corrélatif de la castration, du renoncement à la jouissance phallique imaginaire.

L’enfant, pris dans les filets imaginaires, se trouve en positon d’être le phallus imaginaire de sa mère. Le névrosé va s’identifier à l’objet du désir de la mère[6], au phallus et il est de bon augure qu’il le fasse. Être ce phallus, c’est ainsi que l’enfant tentera de faire quelque chose du désir de la mère. Mais son destin est d’en être délogé, grâce au NDP. Le phallus imaginaire a pour destin d’être négativé. C’est bien à ces ratés que nous avons affaire dans les cures d’adultes, à ces évidences d’assignation mortifères que nous voyons à l’œuvre avec les enfants qui souffrent.

 

Les restes du transfert, cela m’a évoqué aussi les restes du phallus tout simplement. Le rapport au phallus ne s’évacue pas. Mais du phallus imaginaire au phallus symbolique, il y a tout un parcours, c’est celui d’une psychanalyse. Le phallus symbolique est une construction qui devient possible à partir du moment où le phallus imaginaire est négativé, ce que Lacan écrivait –phi. Que la jouissance soit négativée, c’est l’autre nom de la castration et c’est l’acte opératoire de la cure. Le phallus symbolique, c’est construire à partir du rien, à partir de ce qui est perdu ou qui n’a même pas existé. La castration, nous dit Faladé, « c’est de ne pas trouver à sa place l’objet que l’on cherche »[7]. C’est en effet ce face à face que nous propose la cure : il n’y aura pas d’objet pour ma satisfaction, pas de comblement, pas de substitut non plus. La place reste vide, et c’est la cause même de mon désir.

 

C’est à partir de son grand Autre barré, en lui-même, ce lieu intime de castration, que la cure va lui révéler en quelque sorte, que le sujet pourra construire son phallus symbolique, construire au sens de la Durchabeitung freudienne, au sens d’une élaboration.

 

C’est comme cela que j’entends certaines propositions d’aller au-delà d’une logique phallique, oui mais imaginaire alors. Car le phallus symbolique, mieux vaut ne pas s’en passer.

 

 

[1] Ibid., p. 132.

[2] Czermak, M. Passions de l’objet. Études psychanalytiques des psychoses, Paris, Association freudienne internationale, 2001, p. 50.

[3] Ibid., p. 214.

[4] Maleval, J.-C. Op. cit., p. 217.

[5] Ibid., p. 228.

[6] Ibid, p. 197.

[7] Faladé, S. (1993-94). Autour de la chose, Paris, Economica, 2012, p. 71.

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