La position du psychanalyste

Le psychanalyste est appelé, en fonction du transfert, à occuper une certaine position vis-à-vis du patient qui vient le rencontrer. Il ne s’agit en aucun cas d’une place, qui suppose un positionnement figé, un statut, voire un titre. Le psychanalyste ne doit pas se laisser entraîner dans ce genre de dérives moïques. Lacan nous a appris qu’il n’y a de psychanalyste qu’à partir du moment où il y un psychanalysant qui vient lui rendre visite. La place de psychanalyste n’existe pas. Le psychanalyste est mis en position de psychothérapeute lorsque le patient est en psychothérapie et en position de psychanalyste dès lors que le patient entre en psychanalyse.

Dans tous les cas, quelque soit la position transférentielle dans laquelle le clinicien est mis, il doit occuper la position d’objet semblant petit a. Qu’est-ce que cela signifie ?

Comme nous l’avons vu précédemment, la cure opère à partir du moment où l’être va pouvoir venir rencontrer cette Autre langue qui le constitue et le détermine. Cela ne sera possible que s’il accepte de respecter la règle fondamentale de la psychanalyse édictée par Sigmund Freud, à savoir associer ses pensées sans en retenir une seule. Ceci a pour effet de déloger le Moi de sa toute-puissance et de laisser passer le matériel préconscient ou inconscient qui surgit, et qui, de par ce surgissement, produit un effet de castration.

La position du psychanalyste est celle qui permettra au mieux au psychanalysant de rencontrer ce lieu des trésors des signifiants, son grand Autre (barré). Cette place, Lacan l’a nommé « place du mort ». Dans son séminaire « Le transfert », il nous donne une indication clinique :

« Il faut que nous tenions la place vide où est appelé ce signifiant qui ne peut être qu’à annuler tous les autres, ce grand phi […] il faut savoir remplir sa place en tant que le sujet doit pouvoir y repérer le signifiant manquant […] c’est à la place même où nous sommes supposés savoir que nous sommes appelés à être, et à n’être rien de plus, rien d’autre, que la présence réelle »[1]

Dans « La chose freudienne », Lacan indique même que le psychanalyste cadavérise sa position, il doit « faire le mort ».

Cette place du mort, quelle est-elle ? Qu’est-ce qui distingue l’écoute du psychanalyste ?

Lacan répond que le psychanalyste « se distingue par ce qui n’est pas à la portée de tout le monde, il porte la parole (...) la parole du sujet »[2].

Et plus exactement, il n’y a de parole que d’un sujet pour un sujet qui l’entend.

« En somme, on utilise l’analyste, non comme celui qui possède les clefs de la guérison, mais comme étant lui-même la clef de l’accès à la question de la vérité du désir. C’est là que guérir a lieu réellement et il en va de même tout au long de la cure si l’on convient que la cure est la mise en scène de l’inconscient. Le travail de l’analyste consiste à se prêter comme il peut à cette mise en scène dont il n’est que le lieu et la condition, mais certainement pas l’agent. Il s’y prête comme il peut, cela revient à ce que nous en dit Lacan : il dirige la cure mais pas le patient. »[3]