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Fiche de lecture Joël Dor "Introduction à la lecture de Lacan" - Partie 1

 

L’inconscient structuré comme un langage

 

Ce texte est une vraie révélation pour moi ! Il me donne le sentiment de sortir du brouillard et d’ordonner une masse d’information assez diffuse récoltée après la lecture des 25 séminaires de Lacan. Beaucoup de choses me paraissent plus claires, grâce à l’’écriture de J. Dor, fluide, claire, d’une grande pédagogie et cela m’a vraiment fait l’impression d’un Eureka ! Merci Edith de votre proposition de lecture, je regrette même de ne pas voir lu ce livre plus tôt !

 

J’ai quasiment souligné des passages à chaque page mais voici quelques moments choisis.

 

L’exposé de Joël Dor retrace merveilleusement bien la pensée de Jacques Lacan depuis ce qu’il a pioché chez Freud jusqu’à ses théories propres, avec un souci pédagogique et illustratif très précieux. Ainsi, il nous fait la démonstration de ce que Lacan a pu défendre comme idées majeures, et principalement celle de la primauté du signifiant, d’une importance technique et clinique majeure, selon laquelle « un discours en dit toujours plus long qu’il n’escompte en dire, à commencer par le fait qu’il peut signifier tout autre chose que ce qui se trouve immédiatement énoncé » (p. 22).

 

Les rappels quant à la conception structurale du langage chez Saussure furent pour moi tout à fait intéressants et m’ont permis de saisir beaucoup mieux les différents concepts, notamment celui du signe linguistique, qui unit un concept (signifié) et une image acoustique (signifiant). Aussi, la différence entre langue, langage, parole, la langue étant « le langage moins la parole » (p. 35). La langue est une « structure », car « en plus des éléments, elle suppose des lois qui gouvernent ces éléments entre eux » (p. 41).

Le discours lui se déploie selon deux types d’opération : métaphorique (similitude) ou métonymiques (contiguïté).

 

Lacan se distingue de la théorie saussurienne concernant la délimitation entre signifiant et signifié, qu’il nomme « point de capiton » et qui renvoie à « ce pour quoi le signifiant s’associe au signifié dans la chaîne signifiante » (p. 49).

 

Lacan va mettre en lumière la primauté du signifiant, à savoir que c’est « lui qui gouverne dans le discours du sujet ; voire c’est lui qui gouverne le sujet lui-même » (p. 53).

 

Les processus métaphoriques et métonymiques renvoient respectivement à ce que Freud repère comme mécanisme de condensation et déplacement. Ils sont déterminants dans l’avènement des processus inconscients et dans la formation des névroses et psychoses. Dans la névrose, « le signifiant est l’instrument avec lequel s’exprime le signifié disparu » (p. 54).

La métaphore est une substitution signifiante.

La suprématie du signifiant est au fondement même de la notion de parlêtre chez Lacan.

 

Ensuite, J. Dor développe l’idée selon laquelle le symptôme se construit comme une métaphore, « soit comme une substitution signifiante d’un signifiant nouveau à un signifiant ancien, refoulé. Le signifiant nouveau (le symptôme) entretient un lien de similarité avec le signifiant refoulé qu’il supplante (p. 81). J’ai trouvé les exemples cliniques très pédagogiques et très éclairants quant à la substitution signifiante d’un signifiant S1, refoulé, remplacé par un S2 puis encore par d’autres signifiants, jusqu’à n’avoir plus aucun lien apparent avec le signifiant refoulé, brouillant ainsi les pistes pour celui qui en souffre et qui aura à remonter le fil de la chaine signifiante. Ainsi, Lacan dit que « le symptôme est un retour de la vérité. Il ne s’interprète que dans l’ordre du signifiant qui n’a de sens que dans sa relation à un autre signifiant » (p. 85).

 

La partie II fut pour moi la plus agréable et la plus stimulante à découvrir. Retracer de cette façon là comment Lacan revisite la théorie de l’Œdipe et de la castration par la métaphore paternelle est juste splendide ! Je retiens tout d’abord ceci que « la référence au phallus n’est pas la castration via le pénis, mais la référence au père, soit la référence à une fonction qui médiatise la relation de l’enfant à la mère et de la mère à l’enfant » (p. 91).

Bien que le terme phallus apparaisse peu chez Freud, il est à l’origine du « primat du phallus ». Il faut entendre dans la théorie freudienne la conception imaginaire du manque, le manque imaginaire de l’objet phallique. La primauté du phallus, « en tant qu’objet imaginaire, va jouer un rôle fondamentalement structurant dans la dialectique œdipienne dans la mesure où la dynamique phallique, elle-même, promeut une opération symbolique inaugurale qui se résout avec l’avènement de la métaphore du Nom-du-Père. Lacan va ainsi instituer le phallus comme le signifiant primordial dans la triangulation œdipienne et « le procès du complexe d’Œdipe se jouera alors autour du repérage respectif de la place du phallus dans le désir de la mère, de l’enfant et du père au cours d’une dialectique qui se déployer sur le mode de « l’être » et de « l’avoir » » (p. 96). La métaphore paternelle constitue « l’acmé résolutoire » de la situation œdipienne, véritable structuration du sujet.

 

Joël Dor va ensuite expliciter la situation œdipienne selon trois moments clés. Le premier moment survient au sortir de la phase identificatoire du stade du miroir où l’enfant, bien qu’ébauché comme sujet, est toujours dan une relation d’indistinction fusionnelle à la mère et cherche à « s’identifier à ce qu’il suppose être l’objet de son désir » (p. 102), soit être son phallus. Ce moment élude la médiation de la castration et annonce le second temps du complexe d’Œdipe « où l’enfant est incontournable ment introduit au registre de la castration par l’intrusion de la dimension paternelle » (p. 103).

La médiation paternelle agira à la fois au niveau de la frustration, privation et castration et de l’interdiction (le père frustre l’enfant de la mère). Concernant la castration, « le manque est symbolique dans la mesure où il renvoie à l’interdit de l’inceste qui est la référence symbolique par excellence » (p.106) et « le manque signifié par la castration est avant tout, comme le formule Lacan, une dette symbolique ». Qu’entendez-vous par référence symbolique et dette symbolique ?

 

Le manque est imaginaire dans la castration, c’est le phallus

L’enfant découvre alors que le désir de la mère est soumis à la loi du désir de l’autre, le père, ce qui suppose que son propre désir est aussi dépendant d’un objet que le père est supposé avoir ou pas. Cette symbolisation de la loi marque le déclin du complexe Œdipe, l’enfant se confronte à la question de la castration et le père réel est élevé « à la dignité du père symbolique » (p. 110). L’enfant doit renoncer à être le phallus pour entrer dans la problématique de l’avoir (troisième temps de l’Œdipe).

La dialectique de l‘avoir suppose le jeu des identifications propres au garçon ou à la petite fille, dès lors que le père « se fait préférer auprès de la mère » (p. 112). Ainsi seulement peut s’effectuer le passage de l’être à l’avoir, preuve manifeste de la « mise en place du processus de la métaphore paternelle et du mécanisme intrapsychique qui lui est corrélatif : le refoulement originaire ». Le Nom-du-Père, ou métaphore paternelle, est une métaphore au sens d’une substitution signifiante, à savoir que la loi du père se substitute au signifiant désir de la mère qui succombe au refoulement originaire. Cette métaphore paternelle est radicalement structurante dans le développement psychique de l’enfant, en inaugurant son accès à la dimension symbolique et en lui conférant le statut de « sujet désirant » (p. 121) « en le déprenant de son assujettissement imaginaire à la mère ».

 

Mais ce bénéfice se fait au prix d’une nouvelle aliénation : « le désir du parlêtre devient captif du langage dans lequel il se perd comme tel, pour être représenté qu’à la faveur de signifiants substitutifs qui imposent à l’objet du désir la qualité d’objet métonymique » (p. 121). Là se trouve la division subjective (spaltung) du parlêtre, qui se « sépare irréversiblement d’une partie de lui-même en faisant advenir l’inconscient » (p. 122). Lacan n’aura de cesse d’affirmer que le langage est la condition de l’inconscient, c.à.d. que « c’est l’ordre signifiant qui cause le sujet en le structurant dans un processus de division qui fait advenir l’inconscient » (p132). Le sujet n’est que représenté dans le langage, c’est l’aliénation du sujet au signifiant ou encore « la refente du sujet ».

 

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