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Sur la pulsion - Intervention à Place Analytique le 25 mars 2023

Au terme d’une psychanalyse : sublimation ou castration ?

 

Certaines questions fort intéressantes et fort précieuses pour notre discipline, note praxis et notre conception de l’acte psychanalytique restent en suspens en ce début d’année : que devient la pulsion au terme de l’expérience psychanalytique ? Quelle est la trace, la marque, que la psychanalyse laisse après son passage sur le corps et l’âme de celui qui s’y est frotté ? En quoi l’acte psychanalytique opère sur le registre pulsionnel ?

 

Ne nous dérobons pas pour y répondre et parler de fait de l’action opératoire d’une psychanalyse sur le registre de la pulsion mais aussi sur celui du fantasme et de l’objet. Ce qui nous imposera alors d’articuler et de distinguer les notions de sublimation et de castration. La pulsion est-elle sublimée par l’acte analytique ou bien castrée ? Nous le discuterons.

 

Et finalement, où en sommes-nous – dans notre élaboration et d’après nos expériences singulières – de cette merveilleuse invitation que nous lançait Jacques Lacan en 1967 déjà :

 

« Après le repérage du sujet par rapport au a, l’expérience du fantasme fondamental devient la pulsion. Que devient alors celui qui a passé par l’expérience de ce rapport opaque à l’origine, à la pulsion ? Comment un sujet qui a traversé le fantasme radical peut-il vivre la pulsion ? Cela est l’au-delà de l’analyse, et n’a jamais été abordé. »[1]

 

En 2024, en sommes-nous toujours là ? Ou bien pouvons-nous faire un pas de plus ? Soyez les bienvenus dans la discussion, que chacun ose et propose nous donner son avis, sa réflexion, ses points d’impasse afin d’avancer sur ces épineuses mais passionnantes questions théoriques et surtout cliniques.

 

 

***************

 

 

Je me suis dit qu’il serait intéressant de continuer sur la lancée de l’intervention du mois dernier de Patricia Martinez qui, personnellement, m’a donné à réfléchir à ces questions de fin d’analyse, mais aussi de sublimation en lien avec la question de la pulsion et de l’acte analytique. Autrement dit, comment l’expérience analytique – qui englobe à la fois le travail du psychanalysant mais aussi celui du psychanalyste et de son acte, comment cette expérience opère sur le pulsionnel ?

M’est alors venue l’envie de discuter avec vous de cette question de la sublimation ; la sublimation comme destin possible des pulsions, comme nous l’a très bien rappelée Patricia Martinez avec le texte de Freud, Pulsions et destins des pulsions (1915). La sublimation – je vais poser la question comme cela – est-ce que ça a à voir avec la cure analytique ?

Pourquoi je pose la question ainsi? Et je le mets donc au travail, y compris pour moi-même, car c’est exactement cela qui est offert par Place analytique, un espace qui nous permet chacun de discuter, en fonction de là où nous en sommes de notre chemin psychanalytique, tant personnel que professionnel. La place est ouverte pour interroger et réfléchir à des concepts, même ceux qui pourraient paraître évidents s’il y en a, pour renouveler le savoir de l’analyste et le remettre en question, en dehors de tout dogmatisme.

Ainsi, je pars de mon préjugé de départ : la sublimation n’a pas grand-chose à voir avec le travail de la cure. D’où me vient cette idée ? Probablement car Freud lui-même s’y est peu attelé, préférant largement étudier le destin des pulsions qu’est le refoulement, celui-là étant par contre directement lié à l’expérience de la cure. La cure, nous le savons, s’origine d’un raté du refoulement qui s’appelle le symptôme (l’échec du refoulement est ce qui amène un patient à rencontrer un analyste). Le refoulement concerne le travail analytique puisque celui-ci viendra rendre possible le retour du refoulé, qui s’accompagne du travail des résistances, la perlaboration et d’autres concepts amenés par Freud qui découlent directement de cette théorisation sur le refoulement. Ainsi, la sublimation, qui concerne justement une pulsion qui n’est pas refoulée, a-t-elle à voir avec la cure ?

 

Avons-nous à faire dans la cure à un changement d’objet ? Ou bien avons-nous à faire à un changement de qualité de la pulsion ? C’est aussi une question.

Nous savons bien que le propre de la pulsion, est d’être une force constante, konstante kraft. Il est donc clair que la cure n’a pas pour visée d’éradiquer la pulsion, ni d’en venir à bout, ni de l’épuiser. Ce serait méconnaître la nature même de la libido.

La sublimation quant à elle peut se définir comme une élévation esthétique, une capacité de déplacement la libido afin d’échanger un but sexuel originaire de la pulsion en un but non sexuel, socialement valorisé, narcissiquement mieux toléré, et ce tout en conservant la même intensité. Je répète tout en conservant la même intensité. C’est en travaillant cette définition que je me suis rendue compte que c’est là ce qui se distingue, à mon avis, la sublimation de l’efficace psychanalytique : celle-ci agit sur l’intensité de la pulsion, et c’est en cela que la cure agit par castration et non par sublimation.  

 

Dans mon travail clinique au quotidien, ce que j’observe d’une façon très basique en quelque sorte, c’est que généralement les patients qui arrivent et qui souffrent intensément souffrent d’un circuit pulsionnel extrêmement court. Ils sont directement en lien avec un objet, et sa satisfaction ou non satisfaction. Que ce soit dans des cas de boulimie, de toxicomanie, de séparation quelle qu’elle soit (rupture, deuil, impasse amoureuse), il est souvent question au début de la souffrance occasionnée par la non-satisfaction, par la non-trouvaille de l’objet.

Ce que je constate durant la cure déjà mais surtout en fin d’analyse, c’est que les patients, sans qu’ils sachent d’ailleurs véritablement pourquoi c’en est ainsi, ils ne sont plus dans ce circuit court, pour ne pas dire court-circuit. Ils ont traversé quelque chose, et ce quelque chose est directement lié au fait que la cure introduise ce lieu du langage, du grand Autre, ainsi nommé par Lacan, ce lieu barré, porteur de la castration symbolique qui touche l’être parlant et qui vient élever la pulsion au rang du désir. Autrement dit, la situation psychanalytique est instauratrice de la castration[2]. Le montage même d’une séance n’est-il pas un traitement de la pulsion ? Au sens où le cadre, la technique, le déroulé d’une séance, la position du psychanalyste viennent dévaloriser de fait l’exigence pulsionnelle et davantage soutenir ce qui cause le désir, et le fait causer. Et cela n’a rien à voir avec la satisfaction. L’analyse dévalorise la pulsion puisque de satisfaction, le patient en fin de séance en sort bredouille. Est-ce parce qu’il en sort bredouille qu’il revient ? La cure analytique opère donc un traitement de la pulsion qui porte le sujet au-delà de la pulsion, à la valeur éthique du désir. Le désir que nous pourrions définir en reprenant la poétique qui était celle de Françoise Dolto, qui disait que lorsqu’on offre la castration, en l’occurrence à un enfant car ça commence dès cet âge, si on lui offre la castration avec les mots qui accompagnent, cela permet d’apprendre à différer la satisfaction. Je trouve que ce que nous indiquait madame Dolto en tant que principe d’éducation mais surtout d’humanisation du petit d’homme rejoint exactement ce qui se passe dans une cure. Il s’agit de parler son désir sans espérer pour autant le satisfaire. Il s’agit de supporter que l’objet ne satisfasse ni pleinement, ni entièrement, ni immédiatement. Il s’agit aussi de cela dans une psychanalyse, lorsque le désir advient, par-delà la pulsion. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aurait rien à satisfaire, qu’il faudrait tout frustrer ou castrer, ce n’est pas ça. Mais nous le savons, la problématique déjà dans la névrose restons-en là, est de souffrir d’un interdit pulsionnel qui n’a pas suffisamment opéré : celui de l’interdit de l’inceste. Ce manque d’interdit, ce manque de castration se propage dans toute la vie psychique du névrosé qui ne cessera dès lors de rechercher la castration, jusqu’à la privation. C’est qu’il ne distingue pas alors comment peut se disjoindre pulsion et désir.

Ainsi, le désir est-il pulsion castrée ? Puisque le désir est manque, le désir suppose que l’opération de castration ait opérée. Ainsi, je pose la question, en reprenant celle ouverte par Carlos la dernière fois et qui m’a fait réfléchir : Carlos nous demandait y-a-t-il d’autres destins de la pulsion que ceux identifiés par Freud en 1915 ? Je me demande alors si la castration de la pulsion en est un autre, mais évidemment en lien avec le dire et un Autre, incarné par le psychanalyste dans une cure, qui viendrait soutenir ce dire de castration.

 

Je vous partage une courte vignette clinique du moment à ma consultation qui me fait réfléchir à ces questions de pulsions. (...) J’interviens, par coupure – que ce soit au niveau du discours, de la jouissance ou de la séance elle-même (scansion) –  dès que l’occasion m’en est donnée. Ce qui l’attire, c’est la relation de domination évidemment, même si cela lui est couteux à dire. Couteux à dire. Il me donne l’occasion d’occuper ma fonction d’A barré, lieu de la castration symbolique qu’il vient clairement chercher. Ayant manqué d’un père assumant cette fonction. Il me donne l’occasion ça veut dire qu’il m’amène, sur le divan, il décortique si je puis dire ce qui se joue pour lui dans cette relation qui le met en difficulté. C’est-à-dire que la castration s’introduit dès que possible dans la cure, c’est là ma fonction. Dès que ça va trop loin, je dis quelque chose, aimablement mais fermement, pour freiner la jouissance, freiner la pulsion qui pousse. (...)

Voilà, à mon sens, c’est cela que vise l’acte analytique. Changer d’objet, pourquoi pas, l’avenir le dira. (...) C’est une cure sur le fil…

Je voulais vous le partager car c’est à mon avis un exemple de comment l’acte analytique est lié au pulsionnel et à son nécessaire freinage. Ceci me pose alors plusieurs questions ; la cure vise-t-elle en effet à castrer la pulsion ? La freiner ? La réprimer ? Est-ce la pulsion dont il s’agit ? Est-ce la jouissance ? 

 

Ensuite, comment le penser en fonction du transfert ? Je suis tout à fait certaine que sans le transfert, aucune modification n’aurait lieu pour cet homme, à ce stade de sa cure. Ce qui agit, c’est le transfert. Il se saisit de mes interventions, fussent-elles de simples « ah bon ? », ou « Oula ! ». Il les entend et ça le saisit lui. à un moment, mon « Oula ! » Cela lui fait dire : « Est-ce que je cherche à ce point un père que j’aurais besoin d’être pris par la police ? ». Et moi de lui dire : « Vous n’êtes pas obligé d’aller jusque-là ».

Le transfert agit ici comme acte de castration, si le clinicien évidemment choisit d’occuper cette fonction. Si je lui donnais mon autorisation ou même si je restais en silence face à son débordement pulsionnel, son attitude serait autre sans nul doute. La conception qu’a le psychanalyste de la cure, du destin de la pulsion, est ici essentielle.

 

Ce qui m’intéresse aussi de réfléchir, et qui est finalement pas tant abordé que cela dans la littérature psychanalytique, peut-être est-ce trop intime, c’est une élaboration de sa propre cure afin de discerner, je dis bien discerner, ce qui fonctionne pendant la cure, car n’oublions jamais que la cure est une expérience sous transfert, et ce qui fonctionne dans l’au-delà. L’au-delà de la cure, ce que Lacan énonce comme ce qui n’a jamais été élaboré, je le reprenais dans mon argument, que pouvons-nous en dire ? Lorsque nous avons quitté l’expérience, cet acte, cette séparation, cette césure, que représente-t-elle ? Quel est le destin et de la pulsion, et de la jouissance, dans l’analyse et après l’analyse ?  Qu’est-ce qui perdure d’une telle expérience, notamment concernant la pulsion ? Qu’est-ce qui se termine ? Qu’est-ce qui possiblement ne tient pas et que seul le transfert faisait tenir ? Réfléchissons-y. Réfléchissons-y aussi concernant les cures qui ne se terminent pas, de ceux qui jamais ne veulent jamais quitter leur analyste ou inversement. Car le sujet, ce sujet nouveau dont nous parlions, celui marqué par l’expérience d’une cure menée à terme, ce sujet n’existe qu’à partir de la séparation, qu’à partir de la chute du transfert. Ce n’est qu’à partir de là que nous pouvons véritablement savoir ce qui s’est passé dans une psychanalyse, lorsque le transfert n’est plus. Car le transfert est une énième façon de recouvrir le vide de la Chose.

 

Car la question de l‘objet de satisfaction, autour duquel tourne la pulsion, se rejoue inévitablement dans l’analyse. Le sujet supposé savoir que le patient attribue à l’analyse, c’est une énième présentation de l’objet, objet de satisfaction, objet du manque à combler. Je vais payer et utiliser un psychanalyste pour obtenir un savoir sur moi-même, grosso modo c’est ainsi. Pour ce faire, il y a tout un jeu qui se met en place du côté du patient (soit le transfert), et ce jeu va différer en fonction de sa structure d’ailleurs mais dans tous les cas le patient se fait objet du psychanalyste, dans le transfert où se rejoue son fantasme. Nous ne mesurons pas je crois à quel point les patients veulent nous faire plaisir, ils veulent correspondre à ce qui est attendu, dans un jeu de dupes qui normalement, n’échappe pas au psychanalyste. Tout ça pour dire que ce jeu, à un moment, plus ou moins long c’est très subjectif, ce jeu il va devoir cesser si du JE, veut advenir.

 

Pour en revenir à l’objet, et donc au fantasme, qui n’est rien d’autre qu’une manière de faire avec la pulsion, il s’agira parfois dans une cure aussi de se rendre compte de l’objet que je me fais pour mon psychanalyste et ainsi, traverser ce qui à mon sens est la dernière étape de la traversée du fantasme.

 

Ainsi, Lacan posait la question : « comment le sujet qui a traversé le fantasme radical vit-il la pulsion ? »[3]

 

Je rejoins Solange Faladé sur cette question: il vit la pulsion comme ce qui échoue, comme ce qui échoue à satisfaire entièrement, et plus exactement, il vit la pulsion comme ce qui cerne le vide.

 

Je vais justement à présent vous présenter ce que j’ai pioché de l’enseignement de Solange Faladé, dont j’ai déjà parlé ici, psychanalyste qui fut très proche de Lacan et dont j’apprécie particulièrement le travail. Elle reprend dans ses séminaires les avancées de Lacan d’une façon tout à fait formidable de clarté et d’appropriation, ce qui est fort précieux à lire. La singularité, c’est toujours très précieux à lire, notamment chez les élèves de Lacan. Elle m’a donné beaucoup à réfléchir sur ces mêmes questions justement de fin d’analyse, de sublimation, de castration. Je vais parler ce soir de ce qu’elle apporte spécifiquement dans son séminaire Autour de la chose (1993-94), car le vide dont il est question, c’est le vide de la Chose (Das ding). Je ne vais pas rentrer dans tous ces détails quelque peu complexes, je vous invite vraiment à la lire, mais voici ce que je vous partage. Pour ce qui nous occupe ce soir, voici ce qu’elle propose :

 

« Si ce qui est mis en place pour peupler le vide a à voir avec le fantasme, si c’est ce qui sert le fantasme, pensez-vous que la fin de l’analyse ait à voir avec quelque sublimation que ce soit ? Si la sublimation c’est de l’ordre de l’imaginaire, et quel que soit cet imaginaire qui est là et, si la fin de l’analyse, c’est de faire en sorte que ce fantasme justement soit disjoint, et que le sujet puisse saisir quelle est cette doublure, cet objet a, c’est-à-dire que ce fantasme ne s’écrive plus, en tout cas ait pu être disjoint, il va sans dire que la fin de l’analyse n’apporte aucune sublimation. C’est autre chose que le sujet doit pouvoir faire avec ce vide, et tout est là : ne pas apporter n’importe quel objet pour combler ce vide »[4].

Elle ajoute : « C’est-à-dire que ce n’est pas se penser comme déchet, c’est faire autrement avec le vide. Mais ce n’est pas le peupler avec n’importe quel objet, objet de mirage, objet qui entretient le leurre. »[5]

Faladé reprend le schéma de Lacan du graphe du désir et du trajet de la pulsion.

 

Elle dit : « Je vous ai refait, là, ce que j’avais fait une des premières fois, je crois, cette année-ci, autour de S poinçon D. c’est l’algorithme que Lacan propose pour la pulsion, qui est aussi ce qui a à voir avec le trésor des signifiants.  (…) À propos de la pulsion, Freud nous a dit : c’est ce qui est à la limite de l’organique et du psychique, et l’objet qui peut venir, peut être n’importe quel objet. Lacan, reprenant cela, dit bien qu’effectivement, ça peut être n’importe quel objet qui peut venir se loger en ce lieu vide, mais ça peut être aussi le vide. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’une fois le fantasme traversé, la relation avec la pulsion, ça va être de faire avec le vide, ce trajet de la pulsion. Car ne croyez pas qu’il n’y a plus de pulsion, une fois qu’on a pu atteindre ce moment, ce temps où le fantasme a été traversé ; si, [la pulsion reste], mais on fait avec le vide ».

 

La pulsion tourne autour du vide nous dit-elle, autour de l’objet : ce reste du réel quand il y a eu symbolisation. C’est ainsi que reprenant le graphe du désir de Lacan, Faladé associe ainsi la pulsion à la castration, ce qui m’a d’abord surprise, mais sur le graphe du désir de Lacan, c’est en effet ainsi qu’il l’a formulé, cette ligne qui va de la jouissance à la castration, la castration étant du côté de l’algorithme de la pulsion, (S◊D). C’est tout à fat logique puisque la pulsion ne rencontre jamais l’objet recherché, il y a toujours ratage au niveau de l’objet. Ce que nous pouvons entendre aussi chez Lacan lorsqu’il nous indiquait que l’expérience du fantasme fondamental devient la pulsion.

 

Alors, je vous repose donc ma question, la cure analytique offre-t-elle un nouveau destin à la pulsion ? Ou bien est-ce une nouvelle modalité de vivre la pulsion : faire avec le vide. La castration, donc. Car comme le définit aussi très bien Faladé, la castration c’est : « c’est de ne pas trouver à sa place l’objet que l’on cherche »[8]. « C’est ne pas trouver l’objet, l’objet primordial, en un lieu où l’on pensait le rencontrer. Mais comme cet objet n’a jamais existé, la castration, ça, c’est être aux prises avec ce vide. »[9] Et d’ajouter que la façon dont on s’en arrange, c’est le fantasme. Une autre façon qu’elle a de le formuler c’est que la castration équivaut à négativer la jouissance, ce que nous retrouvons chez Lacan par – phi.

 

Alors que « La sublimation, pour Faladé, quelle qu’elle soit, est là pour masquer la béance de la Chose, du vide de la Chose »[10]. La fin de l’analyse, elle, correspond au fait que « le fantasme sera disjoint de ce qui lie le sujet à cet objet cause du désir, le fantasme qui, vous le savez, est aussi une façon de couvrir le vide de la Chose ». La sublimation comme le fantasme sont des moyens d’habiller le vide, d’habiller le réel.

 

Faladé insiste beaucoup sur la fin d’analyse comme disjonction du sujet et de l’objet.

À la lire, on comprend aisément que la sublimation n’est pas vraiment concernée par le parcours d’une cure. Le symptôme lui se distingue de la sublimation en tant qu’il est une substitution[11]. « La sublimation, c’est ce qui nous permet de jouir de la Chose tout en maintenant une barrière, ce qui nous permet de jouir tout en faisant que cette zone reste une zone interdite. » Le symptôme lui, telle « une vérité qui crie »[12], équivaut à l’idéal du moi et a à voir avec l’identification, « ce que le sujet a prélevé aussi sur l’Autre »[13]. Le symptôme se dénoue par le savoir.

 

Ainsi, ce que j’en retiens c’est que ce n’est pas l’exigence pulsionnelle qui vient à se tarir mais davantage une transformation des modes de satisfaction ! Il y a alors toute une nuance entre la pensée idéale d’une castration définitive, de l’ordre d’une sorte de soumission à la loi du père, dont Freud en a exposé les impasses dans son texte Analyse finie et analyse infinie (1937) ; à nuancer d’avec le savoir y faire, y faire autrement, avec renoncement certes mais un renoncement qui ouvre vers autre chose, vers du nouveau, qui ne soit si remplacement, ni substitution, mais création, construction poétique, création originale, singulière d’un sujet renouvelé par l’expérience de l’analyse.

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

Faladé, S. (1993-94). Autour de la chose, Paris, Economica, 2012.

 

Lacan, J. (1963-64). Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil.

 

Mortimore, J. Le concept de la castration en psychanalyse. Autour des Œuvres de S. Freud, J. Lacan et P. Fédida, MJW Fédition, 2020.

 

 



[1] Lacan, J. (1963-64). Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, p. 245-46.

[2] Voir à ce propos mon étude sur la castration dans une psychanalyse à travers les œuvres des Sigmund Freud, Jacques Lacan et Pierre Fédida dans Mortimore, J. Le concept de la castration en psychanalyse. Autour des Œuvres de S. Freud, J. Lacan et P. Fédida, MJW Fédition, 2020.

[3] Lacan, J. Op. cit.

[4] Faladé, S. (1993-94). Autour de la chose, Paris, Economica, 2012, p. 142.

[5] Ibid., p. 143.

[6] Ibid, p. 103.

[7] Ibid., p. 67.

[8] Ibid., p. 71.

[9] Ibid., p. 127.

[10] Ibid., p. 175.

[11] Ibid., p. 128.

[12] Ibid., p. 140.

[13] Ibid., p. 132.

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