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Quand et comment se termine une psychanalyse ?

Concernant la terminaison de la cure, Lacan n’aura de cesse de critiquer, tout au long de son enseignement, cette idée, chère à Ferenczi et repris par Balint, que le patient doit s’identifier à son psychanalyste. Selon lui, il s'agit d'une méconnaissance du mécanisme du transfert et d'une indistinction des trois registres du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. L'identification au psychanalyste ne signe en aucun cas la sortie de la cure et aboutit à l'aliénation encore et toujours du moi, dans une relation imaginaire à l'autre. Pour Lacan, la psychanalyse n'a rien à voir avec une orthopédie du moi qui aurait pour but son renforcement ou encore son agrandissement « spatial » sur le ça. Ceci ne serait que purement narcissique et renforcerait la fonction imaginaire de l'ego. Lacan défend bien au contraire que la psychanalyse consiste en un renversement, un déplacement, un surgissement, où l’être se révèle en révélant son désir. De ce fait, le complexe de castration n'est en rien une impasse. L'angoisse de castration peut être dépassée mais la castration en elle-même, c’est-à-dire la reconnaissance de l’être comme être manquant, est en effet une limite, comme a pu l'entendre Freud, mais qui ne signifie pas pour autant que la cure ne peut se terminer. En effet, « le phallus constitue la castration elle-même comme un point impossible à contourner du rapport du sujet à l'Autre, et comme un point résoluble quant à sa fonction d’angoisse ». Cependant, à la sortie d’une cure, la castration est acceptée par l’être devenu sujet. Elle est instillée progressivement dans le Moi qui cesse de s’en défendre et apprend à fonctionner différemment grâce à cette traversée symbolique. L’être vient rencontrer la castration de l’Autre et ainsi, sa propre castration. Cela ouvre la voie au désir et change radicalement le rapport de l’être à son existence, à l’Autre, au Réel. La castration n’est en rien un point infranchissable. Elle est une limite certes, mais c’est cette limite qui règle le désir et ouvre des potentialités désirantes. La reconnaissance du désir, telle est pour Lacan, la finalité de la psychanalyse. Il s'agit non seulement pour l’être devenu sujet, de reconnaître son désir, irrémédiablement lié au manque, mais de vivre une véritable destitution subjective, le sujet se révélant fondamentalement divisé, assujetti aux lois du langage.
 
En reprenant, tout au long de son enseignement, la formule freudienne Wo es war, soll Ich werden, Lacan y inscrira sa pensée selon laquelle le je, c'est-à-dire le sujet de l'inconscient, doit advenir dans l’analyse. Quant au moi, il s’agit que le sujet en soit dépouillé, dégonflé de son imaginaire.
 
L'action efficace de l'analyse repose sur la rencontre de l'être avec la castration, et sa division. Elle révèle à l’être son manque-à-être et lui permet de l’assumer et non plus de le colmater par les symptômes. Cette assomption de l’être comme divisé n’est possible que si l’être accepte de venir rencontrer, par son discours, son grand Autre. C’est cette opération psychique là, d’une parole Autre entendue par le Moi, qui produit un effet de castration et donc, de transformation subjective. Cette parole Autre à entendre est possible grâce à la règle de l’association libre. Ainsi, l’interprétation n‘est ni le fait du psychanalyste, ni le fait du psychanalysant (de son Moi), mais de son inconscient, de son grand Autre. Il en va de même pour la sortie de cure : Lacan apporte cette nouveauté essentielle qui est qu’elle n'est ni posée par le psychanalyste, ni par l'ego du psychanalysant, mais par le grand Autre.
 
L’opération de l’analyse est celle d’introduire la fonction de la castration[1] du fait de la position du psychanalyste de semblant d’objet petit a.
 
[1] Lacan, J. Le séminaire, livre XIV. La logique du fantasme, Document interne à l’Association freudienne internationale, 2004, p. 168.
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