Le complexe de castration ne découle pas de la différence d’organe mais du fait que l’être baigne dans le monde des signifiants, le monde du langage. Il y a complexe de castration du fait même que l’être soit parlant. La réalisation d’un désir n’est pas la possession d’un objet. Le désir advient quand le champ de la demande est épuisé. Le désir se soutient du manque, auquel aucun objet ne vient à satisfaction. S’il peut voguer d’objet en objet, le désir est insaisissable et se soutient d’un objet cause du désir, objet petit a, qu’il ne s’agit non pas de trouver mais de chercher.
En définissant la
psychanalyse comme une expérience de la parole, Lacan a abordé la problématique de la
castration sous l’angle de l’être avant d’en déduire les conséquences sur le plan de l’avoir. Les avancées théoriques et cliniques de Lacan permettent de contourner l’aporie freudienne du roc originaire. Ce roc n’est pas une limite absolue, il est même possible de le traverser, grâce à la
cure psychanalytique, ce qui suppose de rencontrer et d’assumer sa division.
De ce fait, de la théorie freudienne à la pensée lacanienne, nous passons de l’impasse du roc de la castration et à l’impasse structurelle
[1] de tout être humain, en tant qu’il est un être parlant.
L’au-delà du roc de la castration devient l’au-delà du fantasme, préoccupation constante, explicite à partir de 1962 dans le séminaire sur l’
angoisse.
Traverser la castration dans sa cure, comment cela se passe-t-il ? Quelle est cette position particulière que doit occuper le
psychanalyste ?
[1] Razavet, J.C.
De Freud à Lacan. Du roc de la castration au roc de la structure, Editions de Boeck, Louvain-la-Neuve, 2014.