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Françoise Dolto - Fiche de lecture "Le cas Dominique"

Le cas Dominique (Ed. du Seuil, Points, 1985)

J’ai appris beaucoup de ce texte que j’ai trouvé très riche cliniquement, tant au niveau théorique mais aussi de la technique psychanalytique avec les enfants.

J’ai trouvé bien dite la formule selon laquelle la singularité du psychanalyste dans un « travail thérapeutique » se trouve dans « la plus juste écoute et le plus grand respect de tout ce que l’analysé exprime de son inconscient » (p. 9).

 

Il est rare de trouver autant de données cliniques dans un ouvrage et j’ai trouvé ça très intéressant de pouvoir lire le contenu des séances puis les réflexions et théorisations de F. Dolto.

Il est très régulièrement question dans ses analyses de castration, et même des diverses castrations, ainsi que des différents stades libidinaux. J’ai noté dans ses réflexions quant au cas Dominique qu’elle relie ses troubles à des « éléments surchauffants séducteurs venant de la mère à son insu » et d’une « absence de castration » (p. 77).

Elle ajoute juste ensuite « Dominique était le phallus à maman ».

Finalement, j’étais étonnée de lire comment Dolto renvoie assez systématiquement la symptomatologie des enfants à l’absence de castration et à l’impossibilité pour l’enfant de se positionner autrement que phallus de la mère, « objet fétiche » (p. 142).

Page 179 elle écrit que la signification des symptômes est à reconnaitre comme le fait que les enfants « sont soumis à la fois à des pulsions sexuelles saines et à l’absence d’une castration structurante venue de leurs parents en réponse à leur appel demeuré incompris ».

 

Elle dira même : « Nous découvrons une mère sexuellement infantile : et c’est, encore une fois, l’inceste tentateur qui est la cause principale de la régression, de la confusion des espèces, des genres et de la forclusion du moi œdipien, de tout ce dont nous sommes en train de repérer difficilement les épisodes mutilants vécus par Dominique » (p. 98).

J’ai trouvé très parlante les scènes évoquées de l’enfant faisant des siennes pour que la mère quitte le lit conjugal, appel auquel elle répond.

L’interdit de l’inceste n’est pas posé ni respecté, mission dont se charge alors le psychanalyste dans le traitement (p. 122).

 

La castration œdipienne est définie comme procédant du père, modèle de puissance, et qui permet d’introduire le garçon dans la société des garçons.

 

Et de conclure «  le rôle du père est tout à fait forclos pour Dominique » (p. 148).

 

Concernant les séances assez espacées, Dolto signale que le rythme habituel de 2 à 3 séances par semaine n’est pas toujours le plus adéquat.

 

Et juste après je note cette phase :

« Or, c’est l’écoute de l’analyste qui, dans la relation transférentielle, appelle le discours véridique, à travers les nécessaires résistances transitoires et à mon avis ce n’est pas l’interprétation des résistances qui libère le langage véridique, d’autant plus que, je le pense, les résistances sont toujours du coté du psychanalyste quand celles du patient ne peuvent être surmontées » (p. 152).

 

Je retiens ce que Dolto indique qu’il faut, notamment avec le psychotique, préserver tout ce qui est positif à l’égard du père (et bien que le père soit le protagoniste de l’arrêt de la cure).

 

Dolto recommande d’étudier les relations dynamiques inconscientes existant entre les enfants de la famille et non pas l’enfant seul.

 

Dans le cas de Dominique, la mère est représentante phallique, maternante et paternante. Dolto nous montre bien aussi combien le défaut de castration chez le frère ou le parent impacte directement ceux qui naissent après.

 

J’ai noté de très belles formulations quant à la position du psychanalyste que nous livre Dolto. Elle écrit que « le psychanalyste est un médiateur de la fonction symbolique » (p. 198), puis ajoute :

« Le langage de cet observateur sensible, le psychanalyste, même lorsqu’il est sans parole, son écoute et sa présence attentionnée à un autre, dans lequel il reconnaît un semblable, alors que celui-là s’en dénié la qualité, constituent une reconnaissance de l’existence symbolique de celui-là, ou de celle-là, qui est encore incapable tant d’assumer que de communiquer son désir ; son désir, comme tout désir humain, est constitué de pulsions de vie ou de mort, mais qui, pour le psychotique, est plus ou moins dominé par les pulsions de mort » (p. 198).

Et d’ajouter : « Par sa lucidité sur ce qu’il éprouve, le psychanalyse médiatise la reconnaissance pour chacun des deux participants à la rencontre : de soi-même à la fois par rapport à soi-même, et par rapport à l’autre » (p. 199).

Elle ajoute ensuite que le travail que le psychanalyste désire soutenir est celui de « l’accession à la vérité dynamique actuel de celui ou celle qui est là, présent, en face de lui » (p. 200) grâce à sa présence qui réactualise « les pulsions inconscientes refoulées du psychanlaysé qu’il écoute ».

Cette vérité cachée se découvre grâce au « fil des associations du langage parlé » (p. 200) puisque les « fantasmes concomitants, tus par l’analysé, transparaissent dans les silences, dans les sauts de thème, dans les lapsus, bref, dans les faille du discours conscient. Ce sont ces fantasmes qui décèlent la dynamique actuelle, inconsciente, du désir » (p. 201).

 

Concernant les entretiens avec mère et enfant, Dolto nous apprend que le psychanalyste doit parler à la mère pour que celle-ci puisse dire ce qui peut provoquer angoisse et symptôme chez l’enfant. Mais aussi et surtout, le psychanalyste doit s’adresser à l’enfant lui-même afin de le reconnaître comme sujet d’un désir.

« Pour ma part, si je pense que le désir des parents induit leur enfant par effet de langage, je pense que tout être humain est, dès son origine, à sa conception, lui-même source autonome de désir. Je pense que son apparition vivante au monde (à la naissance) est symbolique, en elle-même, du désir autonome de s’assumer, en tant que sujet tiers de la scène primitive, et sujet unique de l’accomplissement du désir génital conjugué des parents, dont il est le seul signifiant » (p. 202).

 

Relatant ce magnifique moment clinique où le bébé, suivant les indications de Dolto, tourne la tête vers elle, elle dit ceci :

« On ne peut pas être psychanalyste d’enfant si on n’a pas cette foi en un sujet, sujet de son propre désir, dont témoigne ce corps-là respirant, n’en déplaise à ceux qui projettent sur un bébé leur seule foi en un tube digestif, végétatif, qui n’aurait pas déjà sa pleine signifiance symbolique humaine : c’est-à-dire ceux qui ne croient pas que le vivre d’un bébé encore infans pour autrui soit expression de sa parole, signifiant de son verbe « désirer », inconsciemment devenu chair au moment de la conception » (p. 203).

 

Pour Dolto, c’est l’angoisse de castration œdipienne dépassée, c’est-à-dire où l’interdit de l’inceste est surmonté, qui humanise et « confère puissance créatrice et sociale, à l’option artistique par laquelle s’exprime un sujet, dans son authenticité et son originalité irréductible » (p. 208).

Dolto réfute d’ailleurs l’idée selon laquelle la psychanalyse disjoint des couples ou stérilise des artistes. Si tel est le cas, cela signifierait simplement que leur engagement passé n’était que névrotique et basé sur un évitement de leur responsabilité

« Une psychanalyse est, lorsqu’elle est conduite jusqu’au bout, un travail d’élucidation de vérité et un éveil au respect de la liberté d’autrui » (p. 210).

 

Selon Dolto, le psychotique est « sous tension de pulsion de morts » (p. 221).

 

Enfin, page 238, j’ai trouvé tout à fait clair cette formulation selon laquelle la névrose apparait à partir du moment où, au lieu de renoncer au désir incestueux, l’être renonce au désir génital

Le renoncement œdipien produit un moi castré de son désir incestueux et un surmoi qui a pour fonction de réveiller l’angoisse de castration au cas où le moi voudrait « ruser avec elle ou se détourner de la loi, même en fantasme » (p. 240).

 

 

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