/
/
  1. Accueil
  2. Ecrits & Publications
  3. Françoise Dolto - Fiche de lecture "Au jeu du désir"
Retour

Françoise Dolto - Fiche de lecture "Au jeu du désir"

 

Au jeu du désir (Ed. du Seuil, Points, 1981)

J’ai trouvé ce texte très riche d’enseignement pour notre travail quotidien mais ma lecture fut aussi agréable de part les nombreuses données personnelles que Dolto nous livre sur sa façon de travailler, sur ses enfants elle-même et à quel point la singularité de chaque enfant est à respecter et valoriser. Ce qu’elle nous donne est aussi riche à lire d’un point de vue psychanalytique, pour la clinique, que personnelle, pour une mère ou une future mère.

J’ai d’ailleurs aimé cette remarque « jamais vous ne verrez deux enfants pareil » (p. 33).

Elle dit également que si l’imitation est imitable, elle ne doit pas être valorisée mais plutôt les différences et les initiatives propres.

Dolto nous met en garde contre « le dressage » et valorise sans cesse l’acquisition de l’autonomie et ses responsabilités.

Dolto signale d’ailleurs que la dépendance totale de l’enfant est un « piège pour bien des mères » (p. 58).

 

D’un point de vie technique, j’apprend de Dolto ceci :

« Voici donc le cadre de la séance : une table avec, pour matière première, du papier, des crayons, de la pâte à modeler. L’analyste, non dans le champ visuel de l’enfant mais de coté, ne participe à la séance que par sa réceptivité à tout ce qui est dit, dessiné, modelé, exécuté, mimé, « gesté » par l’enfant, à qui la règle fondamentale est ainsi formulée – après qu’il a nettement accepté de venir pour guérir ce qu‘il ressent lui-même comme un obstacle sur le chemin de son accomplissement - : « Tu dis en mots, en dessin ou en modelage tout ce que tu penses ou ressens pendant que tu es ici, même ce que, avec d’autres personnes, tu sais ou tu crois qu’il ne faudrait pas dire. » » (pp. 69-70).

 

Il est beaucoup question dans cet ouvrage de la jalousie entre frères et sœurs et de la haine que suscite la naissance d’un puîné. Dans sa clinique, Dolto nous montre comment régulièrement les séances vont permettre de dire cette méchanceté, haine, colère, notamment du fait du psychanalyste qui pose et reconnaît directement ces sentiments.

 

J’ai lu avec beaucoup de plaisir les cures où Dolto inventa et se servit de la poupée-fleur. Je trouve son génie clinique et son inventivité incroyable et les effets d’un tel protocole m’ont surprise. Pour Dolto, la poupée fleur permet « la projection d’émois instinctuels restés fixés au stade oral de l’évolution de la libido, fixés là du fait que l’histoire vue du sujet a bloqué l’évolution précisément à ce stade ou l’y a fait régresser ».(p. 188).

 

Pour Dolto, la psychothérapie psychanalytique permet, grâce au transfert, l’expression des pulsions refoulées. La tâche du psychanalyste est de décoder et d’expliciter le transfert établi.

Pour que la cure fonctionne, père et mère doivent être impliqués, sinon cela mettrait l’enfant dans un situation « perverse par rapport au couple œdipien » (p. 204).

Comment l’entendez-vous ?

 

Que l’enfant puisse devenir « fier de son sexe », voilà une formulation récurrente qui m’a aussi frappé l’oreille. Cela suppose qu’une parole claire soit énoncée quant à la différence des sexes et au rôle initial du père (rôle du désir du père à l’égard de la mère).

 

Dolto explicite en détail ce qu’il en est de la crise œdipienne et de comment le conflit œdipien pourra se résoudre, notamment du fait « de la façon dont l’enfant est soutenu par le dire des parents : seule une attitude véritablement chaste à son égard dénoue le conflit » (p. 229).

L’interdit de l’inceste doit valoir autant pour le parent que pour l’enfant, et cela doit être explicité à l’enfant. De là découle « la puissance ordonnée des pulsions » (p. 233).

Le renoncement à la vie imaginaire est certes douloureux mais ce à quoi donne accès la résolution œdipienne est immense : créativité, culture, autonomie, responsabilité, liberté (celle de quitter l’enfance).

Comme l’écrit Dolto, une fois cette résolution aboutie, « un trait est tiré » entre la vie des parents et celle de l’enfant (p. 231).

 

J’ai été particulièrement touchée de cette distinction qui me parle particulièrement entre une femme allant vers un homme POUR avoir un enfant et une femme, qui de par l’amour pour un homme, désire avoir un enfant de lui. Je crois que c’est une distinction fondamentale à vivre en soi-même et à entendre dans la clinique. Dolto écrit :

« Méfions-nous des jeunes filles qui veulent se marier pour avoir des enfants, ce sont de attardées, au style maternel fétichique obsessionnel ou hystérique » (p. 263).

Sur un autre mode, adulte, naitra, pour un homme, le désir d’une femme, « désir de lui, le désir d’un enfant, désir par eux deux, qui soit témoin de leur amour partagé. Elle désire un enfant de cet homme-là. Elle guette, s‘il nait, sa ressemblance avec lui, l’homme aimé, et avec les personnes de sa famille, autant qu’avec celles de sa propre famille. Elle materne ce bébé comme une nouvelle personne, né d’elle et de l’homme qu’elle aime, et désir pour lui un destin détaché. Elle est mûre pour des sentiments maternels adultes » (p. 263-264).

Dans cette deuxième conception de la maternité, l’enfant n’est pas en lieu et place d’enfant phallus, enfant fétiche et le sentiment maternel adulte est alors comme « un langage à trois voix » (p. 267).

 

Le « jeu du désir », Dolto indique que c’est ce à quoi nous assistons dans une cure : remonter jusqu’aux désirs les plus précoces, insatisfaits, source de tension, qui ont laissé une trace. Nous y accédons par le langage.

 

Dolto parle d’un désir poétique lorsqu’il ouvre à des potentialités créatrices et à une « modulation » du plaisir.

Au contraire, « un désir auquel il n’est jamais répondu qu’aux moments indispensables des besoins, où il est toujours annulé par une satisfaction corporelle immédiate, n’est en lui-même, ni dans sa tension, ni dans sa jouissance, « poétique » » (p. 294).

Il me semble que c’est à cela que nous avons à faire dans les symptômes, je pense par exemple aux addictions, ou aux symptômes alimentaires (anorexie, boulimie), le désir est ramené à la dimension du besoin.

 

Je note aussi la distinction que fait Dolto entre castration primaire, qui renvoie à la castration imaginaire découverte par Freud, ou plutôt de la découverte de la réalité de la différence des sexes ; et la castration secondaire ou œdipienne, « naissance humanisant de son désir génital en société qu’est la loi de l’interdit de l’inceste » (p. 307)

Page 334, Dolto écrit que « le désir en lui-même n’est peut-être qu’une relation imaginaire d’un sujet à son objet ». Qu’en pensez-vous ?

Me contacter
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
À découvrir
Consulter un psychothérapeute à Paris 10
En savoir plus +

"Je recherche un miroir"

Julie Mortimore 02-07-2020   « Je recherche un miroir »   Ce matin, à ma consultation quotidienne, un patient évo...
En savoir plus
Cherche psychanalyste à Paris
En savoir plus +

Soigner l'anorexie/boulimie grâce à une psychothérapie, une psychanalyse

Les troubles du comportement alimentaire se déclenchent principalement à l'adolescence et...
En savoir plus
Consulter un analyste proche gare du Nord à Paris
En savoir plus +

Liste de mes publications en psychanalyse

Travaux et publications de Julie Billouin  2022 « Devenir mère : vie, deuils et renouveau. Construire sa ma...
En savoir plus
Écrire à Julie Billouin
create Me contacter