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Fiche de lecture Solange Faladé – Clinique des névroses (1991-1993)

Ce séminaire, tout en continuité avec le premier, est très éclairant sur les spécificités de la structure hystérique et obsessionnelle. Je n’ai pas souvenir dans d’autres lectures d’une analyse si minutieuse des structures. Quelques perles et formulations éclairantes nous sont offertes encore ici.

Le style de Solange Faladé est toujours à ma lecture, très agréable, très didactique, très éclairé. Ce n’est pas une redite de Lacan, elle y met du sien et ça se retrouve dans sa parole, tellement fluide alors qu’elle manie des concepts pas évidents du tout. Une leçon de singularité.

 

Je relève qu’à plusieurs reprises, elle justifie le titre de son séminaire. Elle n’a pas souhaité ajouter l’adjectif « psychanalytique » à « clinique », puisque les névroses ne concernent que la psychanalyse. Enfin elle entend la clinique au sens premier du terme, au chevet du malade ; « psychanalytique » n’est donc même pas nécessaire, il va de soi.

 

Je retiens ceci dans la note des transcripteurs, que le discours qui transmet la psychanalyse nécessite d’être martelé, répété. Et que surtout : « Il en va comme dans la cure, où le retour permet que les choses soient dites autrement » (p. 15). Je trouve ça très juste et notamment dans la psychanalyse sans fin du psychanalyste, cela donne la possibilité de reformuler et de rencontrer, toujours, de nouvelles façons de dire, plus juste, plus fines.

 

Retour sur la naissance du sujet, aliénation/séparation

 

Concernant l’infans, Faladé nous rappelle un mot utilisé par Lacan pour désigner le cri sans parole : « assignifiant ». Ce cri va rencontrer l’Autre qui va à y répondre à partir de ses signifiants à lui, et donc « toujours à coté ». Elle ajoute : « Mais en y répondant, il imprime déjà un sens au cri » (p. 20).

Cet infans reçoit donc le signifiant, et l’accepte, c’est cela la Bejahung, « le oui au signifiant » (p. 21). Ce premier appel est une « véritable demande » nous dit Faladé. De cette demande émergera un des nombreux S1 et qui fait naître le S barré car ce sujet n’a aucun signifiant propre pour le représenter. Elle ajoute : « Le sujet sera représenté par un signifiant du corps de l’Autre. Celui-ci en sera décomplété » (p. 21).

Le sujet barré résulte de la primauté des signifiants sur le signifié : « les signifiés viennent des signifiants qui ne sont pas les siens. » (p. 22)

Ceci est le premier temps de l’aliénation. Faladé nous rappelle que le sujet barré n’est pas le sujet divisé. Cela suppose un deuxième appel qui fera que le sujet ne sera plus sujet du pur besoin. C’est un appel à l’Autre  « pour qu’un nouveau signifiant vienne s’inscrire dans la chaine » (p. 23). C’est pour la névrose, le signifiant primordial, le Nom-du-Père.

Pour « prélever de quoi fabriquer ce signifiant S2 », le sujet doit au préalable avoir repéré le manque dans l’Autre. Ce prélèvement se fait au niveau de l’être de l’organisme » (le corps et le hors corps) et c’est ce qui permettra au sujet d’être représenté. Ensuite, une partie de ce qui sera prélevé sera portée à la signifiance, le reste sera l’objet ; objets érogènes hors corps que « l’enfant laissera choir quand il en aura tiré satisfaction ».

C’est le reste de la division, le reste de la naissance du sujet.

C’est ainsi que Faladé nous dit que pour Dora, « ce qui est prélevé avec ce qui frappe ce deuxième signifiant (c’est-à-dire le symptôme, la toux avec ce qui entoure la zone orale), fait que de l’objet a oral va pouvoir choir » (p. 24). Comment entendez-vous que ce qui frappe ce deuxième signifiant, ce soit le symptôme ?

Le sujet divisé dépend de s’il y a réponse de l’Autre au deuxième appel.

 

Au moment où le sujet dit oui au signifiant (Bejahung), « va se mettre en place la Chose, cette vacuole qui se dégage au lieu de l’Autre » (p. 49).

Faladé nous indique alors un mouvement qui va de la jouissance de le Chose à la jouissance de l’Autre, « jouissance possible parce qu’il y a eu parole du père » (p. 51). Ce détournement est nécessaire, nous dit Faladé, « dans toute mise en place d’une structure ».

 

Le refoulement originaire, c’est ce qui concerne le « non-su » du départ, ce qui, de toute façon, ne pourra jamais se dire puisque ce refoulement originaire ne revient pas, et c’est cela aussi qui concerne le désir » (p. 53)

Lors de la relation particulière à La Chose, le sujet est sujet de la jouissance. Puis, par l’aliénation et séparation, le sujet devient barré, par le signifiant.

 

Le sujet de l’inconscient, « barré par le signifiant, divisé par la castration » (p. 30) s’adressera à l’Autre en fonction de sa structure (question à l’Autre).

 

  1. 125, à propos de l’aliénation, Faladé nous le dit encore différemment : « celui qui va devenir sujet a à choisir entre l’être et le sens. Le sens c’est le langage, c’est S1-S2. Puisqu’il est sujet parlant, il choisit le sens c’est-à-dire qu’il renonce à l’être pour être sujet de l’inconscient, sujet parlant. Renonçant à l’être, choisissant le sens, il sera écorné d’une partie du sens, c’est-à-dire que, non seulement, il perdra l’être, mais également une partie du sens. De plus il y a aura un signifiant qui va s’éclipser : ceci est le refoulement ». 

 

Quant à la séparation : le sujet est un ensemble vide et de son vide, il va, dans sa relation à l’Autre « recouvrir le vide, le manque de l’Autre » (p. 125) le manque de l’Autre. C’est le vide que l’on trouve entre chaque signifiant. Venant le recouvrir de son propre manque, se forme alors une intersection, une séparation d’où viendra se former l’objet a, « l’être du sujet ».

 

Faladé précise aussi que lors du deuxième appel, nécessaire pour que le S1 (qui représente le sujet) soit représenté, ce S2 ne fait pas partie du corps des signifiants de l’Autre. « Il faut que le sujet, au cours du deuxième appel à l’Autre, pour que vienne s’inscrire ce deuxième signifiant, prélève une part de l’être de l’organisme, et, là où il va prélever, il y aura forcément de la zone érogène, si je puis dire, qui sera intéressée (…) tout ne deviendra pas S2. Ce qui ne sera pas porté à la signifiance est une partie hors corps, et va donner «l’objet a, qui choit lors de la mise en place du sujet » (p. 158).

Et Faladé nous précise aussi que le deuxième appel a toujours lieu. Par contre, il peut ne recevoir aucune réponse (psychose).

 

Plus loin Faladé nous dit que lors du « deuxième appel au père, un trait est prélevé qui donnera lieu à l’idéal du moi » (p. 226). C’est l’identification, le trait unaire. Et Faladé nous rapelle qu’« on ne peut renoncer à l’objet qu’on désire, on ne peut renoncer à l’avoir que si on le devient, que si on finit par l’être en quelque sorte » (p. 227). Le renoncement n’est-il pas aussi de ne plus l’être ?

 

 

Principales distinctions entre névrose hystérique et obsessionnelle

 

 

Obsessionnel

Hystérie

 

Sa question : « suis-je vif ou mort »,

question qu’il n’adresse pas directement à l’Autre.

 

 

Il refuse d’être le maître (p. 31). Il a une relation particulière avec ce grand S1 relation d’où lui vient quelque difficulté à pouvoir faire inscrire le S2 » (p. 31).

Cette relation particulière est de l’ordre de : « du mal à se détacher » (p. 31)

 

Le modèle est l’homme.

 

 

Relation particulière au S1 qui ne permet pas au S2 de s’inscrire convenablement

Refuse de se prendre pour un maître.

Il se fait rival du phallus.

Il « doute de savoir » (p. 76). Il ne veut pas savoir si la mère l’a ou pas, le pénis.

« L’obsessionnel a un rapport à la pensée, un rapport nous dit Lacan au signifiant, il va triturer sa pensée et le corps ne sera pas touché! » (p. 81).

Ce qui le caractérise, c’est le doute (p. 82).

L’obsessionnel est du coté du commandement, de l’interdit et son symptôme est du coté de la défense (p. 180).

 

Pour l’obsessionnel il y a « disjonction d’un rapport de causalité » (p. 88°, c’est-à-dire que le S2 ne peut se conjoindre ou très difficilement au S1. D’où le fait que l’obsessionnel puisse parfois paraitre comme un psychotique.

 

Lui vit avec l’angoisse.

 

 

 

 

 

 

Pour l’obsessionnel, la jouissance a été excessive.

 

Sa question : « suis-je un homme ou une femme ? », « qui suis-je ? ». (différence des sexes)

 

 

L’hystérique elle n’est pas gênée avec le désir de l’Autre, avec le maitre puisque son souci est de le mettre en échec (p. 181).

 

 

 

 

Le modèle c’est la femme, mais « elle fait l’homme » (p. 31).

 

L’hystérique a un rapport avec ce S(A), avec ce vide (p. 31).

L’hystérique s’accommode bien du manque (p. 79). Lorsque ce que qui a à voir avec le manque est dans le symptomatologie, alors l’angoisse n’apparait pas (p. 80).

Sa défense c’est son corps et la symptomatologie de l’hystérie « a à voir avec un manque » (p. 81).

 

 

 

 

 

 

Pour l’hystérique, il y a refoulement

 

 

 

 

 

L’hystérique s’épargne l’angoisse avec son symptôme (p. 79).

 

Faladé nous dit que l’hystérique, avec sa conversion, « suture ce qui est de sa division » (p. 234).

 

 

Pour l’hystérique, c’est un « désert de jouissance » (p. 328). La première expérience a été décevante.

 

 

La psychose

Le psychotique n’est pas un sujet divisé. Tous les S, par l’absence du S2, retournent dans le Réel (p. 25). Le deuxième appel a pour conséquence le refoulé originaire (Urverdrängt), l’insu (p. 26). Il est « hors de ce cadre du savoir » et « de l’ordre de l’objet » (p. 25).

 

Faladé repend une distinction importante de Lacan entre névrose et psychose. Le psychotique est habité par le langage alors que le névrosé habite le langage. La névrose est concernée par la suture (le nœud ne se retrouve pas mais est bien là), le psychotique par la ligature (le nœud est lisible mais ne tient pas) (p. 107).

 

L’Œdipe

 

Au sortir de l’Œdipe, Faladé rappelle à plusieurs reprises que l’enfant est « revêtu des insignes du père, c’est-à-dire de l’Idéal du moi » (p.35).

 

  1. 48, j’ai trouvé intéressant comment Faladé indique que la parole du père qui dit à Hans et sa sœur que ce sont ses enfants met en place le Nom-du-Père, et détache l’enfant de cette jouissance à la mère. Le petit Hans « jouit de sa présence » (p. 49).

 

C’est intéressant comme Faladé nous parle de déplacement, de mutation, dans le processus œdipien. Père et mère peuvent occuper différentes places. S’ils n’occupent pas les bonnes, cela produit des effets. Le père en place de compagnon de jeu, P0, doit muter afin que l’enfant intègre que la mère est intéressée par ailleurs que son enfant. Ainsi la mère mute de place également, et l’enfant quitte la position de phallus imaginaire.

 

Le destin de l’enfant dépendra de si la parole du père vient le déloger (p. 160). Et elle nous précise que la mère du pervers est celle pour qui la parole du père n’a aucune importance, ce qui fait de l’enfant un « assujetti au désir et à l’objet du désir de la mère, sous forme de fétiche, sous forme de travestissement, ou sous toute autre forme de perversion » (p. 161).

 

La phobie

 

Faladé fait ensuite la distinction entre phobie et fétiche. La phobie est la mise en place un objet métaphorique pour faire face au fait que la mère manque, qu’elle ne possède pas l’objet de son désir. Le fétiche lui vient pour préserver le sujet de l’horreur de la castration maternelle.

Devant le manque de la mère, l’enfant peut construire un phallus (imaginaire) ou un fétiche.

 

Je retiens ceci p. 68 : « la phobie c’est toujours lié à la castration. C’est plus ou moins bruyant mais ça a toujours à voir avec la castration. C’est le fait de repérer que la mère n’a pas de pénis, et que le père peut être celui qui châtre. Et je pense que c’est lorsque cette question de la castration ne s‘est pas posée, lorsque dans cette relation enfant-mère ça ne se triangule pas du fait de l’absence de pénis, que l’avenir sera sombre. Ce n’est plus ou la perversion ou la névrose, mais c’est le naufrage qu’est la psychose ».

 

Faladé nous rappelle très justement que « ce n’est pas le sexe biologique qui fait qu’on se range soit du coté femme, soit du coté homme » (p. 31).

 

Faladé indique bien que la phobie est une « plaque tournante » (p. 45) d’où débouchera la névrose ou la perversion.

 

L’homosexualité

 

Concernant l’homosexuel : il est celui qui rejette la mère comme objet de désir à partir du moment où il sait qu’elle n’a pas de pénis (p. 42). L’homosexualité c’est ce qui rejette l’Autre sexe, c’est-à-dire la femme, parce que pas de pénis.

L’homosexuelle elle est, pour Lacan, une conséquence que c’est la mère qui fait la loi au père.

 

La castration

 

A partir du « pas de pénis » de la mère, de ce manque, l’être parlant est obligé de mettre en place une structure (p. 38).

 

Je relève ces formulations p. 41 : « Le a est un contenant : il contient ce qui concerne la castration, avec le – phi. C’est le fantasme qui est la « fenêtre sur le réel » ».

 

Concernant le phallus imaginaire : ce qui le fait briller c’est bien l’absence, du pénis de la mère (p. 54).

 

L’angoisse est « ce qui nous permet de saisir qu’il y là du sujet et qu’il y a là ce qui cause son désir » (p. 56).

La castration pour l’homme, c’est renoncer à la jouissance perverse et de se confronter à ce qui lui manque, la jouissance Autre. Jouir dans un trou autre.

La castration de la femme, c’est accepter d’avoir un trou, et non pas un pénis, un trou où un homme peut jouir. Elle aura à accepter aussi qu’elle n’a pas seulement une jouissance mais qu’elle peut aller jusqu’à cette jouissance Autre (p. 59).

Ce manque c’est la mère. « La mère dans ce qu’elle va et vient, et qui incite à savoir qu’elle manque de quelque chose et que ce quelque chose dont elle manque, eh bien elle est à sa recherche. C’est ce qui fait savoir qu’il y a là du désir ».

 

L’angoisse

 

L’angoisse de Hans, Faladé la résume au fait qu’il saisit que le désir de la mère ne le concerne pas ; « c’est un objet qui est au-delà de lui ». Devant la possibilité de la perdre, à cause de son désir à elle, là se manifeste l’angoisse. Le désir de sa mère le confronte à son propre désir et il ne sait pas quel en est l’objet.

Plus loin elle dit que l’angoisse vient lorsqu’un objet (par exemple le cheval) vient prendre « une place où en principe rien ne devrait venir » (p. 64).

L’angoisse est une indication du sujet divisé.

Et le désir ne peut exister que parce qu’il y a refoulement (p. 66).

 

Le sens

 

Le sujet barré est ainsi défini car « il n’y a aucun signifiant pour représenter le sujet de l’inconscient, ce sujet qui vient naitre va être représenté par un de ces S1, qui se trouve au champ de l’Autre » (p. 87).

Elle ajoute : « Et ce S1 pour qu’il puisse avoir sens, pour qu’il puisse remplir son rôle de signifiant, doit pouvoir rencontrer un S2 »

Cela veut-il dire que le rôle du signifiant est de faire sens ?

Le sujet du pur besoin devient, suite à ce premier appel au champ de l’Autre, sujet barré. Et donc il y a aliénation puisque ces signifiants dont sa demande dépend sont au champ de l’Autre. Le S2, qui permet que le S1 prenne sens, c’est le savoir nous dit Faladé (p. 87).

Ce S2 n’aura aucun autre signifiant pour le représenter du fait du refoulement originaire « qui fait que tout le sens ne pourra être trouvé » (p. 87).

Ainsi, le S1 représente le sujet.

Le S2, lorsqu’il se conjoint au S1, permet que du sens puisse être trouvé.

 

Pour le psychotique, le S2 n’étant pas advenu dans la chaîne signifiante, et suivant la logique que ce qui n’a pu être symbolisé se retrouve dans le réel, c’est donc bien le S2 qui se retrouve dans le réel (p. 88). Pour que du S2 vienne s’inscrire, il faut au préalable qu’il y a un manque dans le grand Autre (S(A)).

 

Echos cliniques

 

« Pour être à l’aise avec le savoir, il faut justement que ce non-su, ce qui du savoir ne peut pas être su, soit pris en compte. Et lui, l’obsessionnel, ne peut pas le faire, et, ne pouvant pas le faire, il est là aux prises avec tous ces signifiants, tous ces signifiants dénoués, tous ces signifiants qui sont là pour l’embarrasser et, il faut dire, dont il ne peut rien faire d’autre que de se dire à un certain moment : je ne comprends » (p. 94). Ceci me fait penser à une difficulté particulière dans les cures avec des obsessionnels que j’ai observée, lorsqu’ils disent être trop perturbés, dérangés après les séances, au point de vouloir abandonner ou même de dire que c’est leur cure qui les fait souffrir.

Le S2, « l’obsessionnel s’efforce de faire en sorte que l’autre signifiant ne puisse pas jouer son rôle. C’est un véritable effort, c’est un travail épuisant. »

Il essaie de faire que le S2 soit le même que le S1. Cela me parle aussi beaucoup pour la cure des obsessionnels qui parfois peuvent dire aussi qu’ils n’entendent rien, qu’ils n’apprennent rien de ce qu’ils disent. Ça m’a toujours interpellé, je le comprends mieux avec cette lecture, d’une grande finesse, même si je regrette que Faladé ne nous en dise pas davantage sur comment justement cela pourrait se transformer dans la cure. Elle dira un eu plus loin qu’il faudra beaucoup de temps à l’obsessionnel pour que du savoir inconscient advienne dans les séances. Encore faut-il qu’ils tiennent bon…

Le rapport à l’argent et le fait de compter sont aussi là, chez l’obsessionnel, pour boucher les intervalles entre les signifiants et ainsi empêcher que le S2 puisse jouer son rôle (p. 96).

Malgré tout, cela donne un exemple clinique lorsqu’elle explique que d’avoir dit à un psychanalysant que l’objet est toujours et à jamais perdu, « perdu » est selon elle un S2 qui a permis que du sens puisse advenir (p. 102).

 

Faladé nous dit que l’obsessionnel ne pose pas de question à l’Autre car il s’efforce de mettre, en ce lieu de l’Autre, un petit autre un semblable, un maître mortifié (p. 116).

Je trouve ça très intéressant dans notre pratique car les obsessionnels mettent bien plus longtemps à poser une question au grand Autre. Que se passé-t-il alors dans la cure ?

L’obsessionnel s’acharne à neutraliser le signifiant autre.

 

Très intéressant ce que nous signale Faladé quant aux pensées de l’obsessionnel qui, malgré leur nombre, ne sont pas les pensées de l’inconscient ; « ce sont des pensées bouche-trou, des pensées qui sont là pour que rien de l’inconscient ne puisse venir au jour » (p. 129).

Ce sont en fait des ruminations.

Ceci du fait que S1 et S2 ne se conjoignent pas.

 

L’obsessionnel fait en sorte que l’objet a ne soit pas perdu (p. 131).

L’obsessionnel cherche à se protéger de l’excès de jouissance (p. 131).

Il refuse le discours de l’inconscient (p. 132) : il s’agit même d’un rejet du savoir inconscient, de l’élimination du grand Autre (p. 141). C’est là qu’est la pulsion nous dit Faladé. Cela rejoint aussi certaines de mes observations. J’avais même indiqué en supervision ce mot de refus, face au fait que certains patients obsessionnels refusaient l’association libre. Amorim n’était pas d’accord, du fait qu’ils venaient malgré tout. Je trouve ici un écho à cette difficulté clinique. Malgré lui bien sûr, il refuse.

Je n’avais par contre pas, ou plus, à l’esprit que le discours du maître, c’est le discours de l’inconscient. Cela me donne envie de retourner à Lacan pour éclaircir ça.

 

Une éclairci pour la cure de l’obsessionnel : « Il lui faut franchir ce pas, être vraiment celui qui est dans le discours de l’inconscient, celui qui peut être le maître. A ce moment-là, l’obsessionnel peut apporter beaucoup à la pensée » (p. 133).

 

A propos du fantasme et de l’objet a

 

Faladé, reprenant Lacan, indique que le « je » ne peut jamais se dire (p. 129).

A propos de l’obsessionnel, il « va, dans ses fantasmes, fantasmer le même que lui » (p. 145).

 

Petit rappel sur la métaphore : « c’est la substitution d’un signifiant, telle qu’il y a création d’un sens nouveau » (p. 154). Comme le signifiant cheval qui vient à la place de la mère puis du père.

 

Le petit a, objet de déchet, reste de jouissance (p. 175), Faladé nous dit que l’obsessionnel surtout s’obstine à ce qu’il ne soit pas perdu.

Faladé insiste beaucoup sur la pulsion chez l’obsessionnel et nous dit que « ce n’est pas le fantasme que l’obsessionnel va mettre en place, mais la pulsion, pour se mettre à l’abri du désir de l’Autre » (p. 177).

Et l’angoisse apparaît lorsque l’objet a, « lambeau du réel, vient à l’intérieur du symbolique ».

« L’obsessionnel, c’est celui qui est plus à l’aise avec l’interdit qu’avec la castration » (p. 179) mais l’interdit met à l’abri de la castration.

 

Une donnée très précieuse concernant le fantasme : « De même pour le fantasme, dans Subversion du sujet (…), Lacan dit que si on ne prend pas le fantasme comme ce qui est le désir de l’Autre, ce qui vient là présentifier le désir de l’Autre, le grand Autre, on ne peut rien comprendre au fantasme » (p. 180).

 

J’ai été amusée de lire le mot passe comme une solution proposée par Lacan à l’impasse du roc de la castration (p. 187). Je n’y avais jamais pensé comme cela. C’est pourtant bien un au-delà à cet écueil que propose Lacan.

 

Avec le refoulement originaire, se met en place le fantasme fondamental et le masochisme primordial.

 

L’hystérique elle va écrire son fantasme qui concerne le grand Autre, un grand Autre non barré (p. 192).

« L’hystérique s’arrête à ce désir de l’Autre, ce qui lui permet de ne pas avoir affaire à ce qui barre le grand Autre. Mais parce qu’il nie le désir de l’Autre, l’obsessionnel va s’arranger avec ce qui est de l’ordre de la demande et va faire avec les objets de la demande, les objets cause du désir. (…) L’obsessionnel nie le désir de l’Autre, mais s’arrange bien avec les objets, ce que l’hystérique ne fait pas » (p. 192).

Chez l’obsessionnel le grand Autre est barré, vidé de jouissance (p. 200).

 

A propos du fantasme, et Faladé semble dubitative de certaines traversées du fantasme ; elle nous dit que le fantasme est une phrase inconsciente qui ne pourra jamais se dire. Malgré tout, les signifiants qui pourront se dire jouent leur rôle (p. 207).

 

A propos du masochisme primordial, qui me questionnait, je trouve un repère lorsque Faladé décortique à nouveau le fantasme « on bat un enfant » : « Mais pour cela, il faut qu’il accepte d’être cet objet, ce rien qui sera battu. Il faut qu’il accepte de choir en ce déchet qui est là sous le coup du fouet. Ceci vient marquer le masochisme primordial » (p. 209). Cela a donc à voir avec la position d’objet a (dans le fantasme) ?

 

A propos de la position d’objet a du psychanalyste, Faladé précise ceci : « Plusieurs années plus tard, Lacan nous dira que c’est en tant que a, mais à la place du S1, la place du commandement, que l’analyste a à se poser. » (p. 232)

 

Etre femme

 

Je retiens cette phrase qui me donne à penser sur le masochisme :

« Helène Deutsch nous dit que selon une dose de passivité, jointe à une certaine dose de masochisme, certaines femmes acceptent d’être objet de Jouissance et que s’y ajoute du narcissisme » (p. 254).

L’hystérique ne veut pas être cet objet de jouissance. « Les réactions que nous avons le plus souvent montrent que ce n’est pas toujours facile d’être cet objet a » (p. 254).

 

Ceci à propos de la femme :

« Alors que veut une femme ? Il faudrait d’abord pouvoir répondre à la question ; « qu’est-ce qu’une femme ? ». Elle est concernée elle aussi par la castration. Nul n’échappe. Lorsqu’elle s’est aperçue que l’homme n’a pas plus qu’elle le phallus, mais un pénis, que le clitoris n’est pas un pénis atrophié, si elle parvient à ce point d’assumer son sexe, lorsqu’elle a fait tout ce tour de la castration, elle ne se sent plus frustré, mais peut se vivre comme de tout temps privée de cet objet qu’elle désire tant avoir. Ce qui fait qu’alors la question de l’enfant se pose autrement. Elle ne sera plus tentée de boucher sa béance avec l’enfant comme objet a. » (p. 292).

 

Aussi, « La femme est très spécialement concernée par le manque, ça n’a pas cette solidité qu’on trouve chez l’homme » (p. 294).

 

Sur le savoir

 

« Toute la démarche de Freud est de faire en sorte que ce sujet puisse à nouveau se servir de ce savoir qui est le sien, savoir de l’inconscient » (p. 257).

 

La Chose

 

  1. 295, Bernard mary lui fait cette remarque : « En somme, ce que nous nous présentez, c’est une clinique de La Chose » (p. 295), qu’il trouve tout à fait nouveau. Je trouve là une idée très pertinente. Cela conduit selon lui à « l’élaboration d’une clinique différenciée de la jouissance des objets a, restes de jouissance, ayant (ou non) qualité de rien, articulée à la jouissance du vide de La chose ».

Je trouve que c’est une autre manière encore de parler de notre clinique. Après ces formulations là déjà entendues : clinique du signifiant, clinique du sujet, clinique de la castration. Cela me donne envie également d’étudier davantage sur La Chose.

 

La Chose renvoie au vide au lieu de l’Autre, « au lieu évidé » (p. 328).

L’hystérique s’en protège par le dégoût. Du coté de l’obsessionnel, c’est un excès de jouissance.

 

Pour finir, une rapide recherche sur La Chose me fait trouver ceci qui m’éclaire, que je vous partage.

 

« Qu’est-ce qu’une Chose ou, plutôt, qu’est-ce que la choséité d’une Chose en tant qu’elle est différente d’un objet, se demande le philosophe allemand ? Heidegger prend l’exemple d’une cruche : qu’est-ce qui fait d’elle un Das Ding et non une Die Sache ? Soyons attentif au fait que si l’argile cuite retient du liquide, elle ne le contient pas : le contenant c’est le vide et non la matière. Ce qui fait donc du vase une Chose c’est le vide qu’il désigne et non l’argile qui trace ses contours. Avec l’argile, le potier s’est contenté de donner forme au vide. (Comme la définition humoristique du macaroni : prendre une colonne de vide et y mettre de la pâte autour).

Toutefois ce vide déploie son être dans le fait de verser à boire ; dans ce versement, se présentifient la terre qui porte le cep, le ciel qui fit mûrir le fruit, l’homme qui verse et les dieux à qui sont destinées les libations… »[1]

 

 

[1] Ansaldi, J. « La notion de Das Ding », in Lire Lacan : L’éthique de la psychanalyse. Le Séminaire VII, Champ social Editions, 1998, p. 23.

 

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Un merveilleux témoignage de cure psychanalytique - Denis Podalydès (19 juillet 2015)

Voici un merveilleux témoignage, singulier, du parcours d'une cure psychanalytique, sa beauté, ses difficultés, et la ...
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