Le sujet barré chez Solange Faladé

Faladé propose une traduction de la pensée lacanienne. La rencontre avec le langage introduit l’être dans le manque, le sien et celui de l’Autre. Au départ l’enfant est dans un bain de jouissance, la lalangue. L’être rencontre l’Autre et ses signifiants. Le bebe crie, il baigne dans des perceptions et émotions, sa mère lui répond, elle donne sens à ce cri. Puis avec l’acquisition de la parole, l’être utilise des signifiants pour dire. Ce signifiant qui décomplète cet Autre, ce sera le sujet. Qu’il parle ou babille, l’enfant rencontre le manque (sa mère n’est pas toujours là ou ses réponses ne satisfont pas) et le désir de l’Autre (elle désire ailleurs). L’inconsistance ou la décomplétude de l’Autre apparait au fur et à mesure. Le refoulement originaire va s’inscrire et l’être va trouver d’autres signifiants.

Chez le psychotique, S. Faladé dit qu'il y a bien aliénation à un premier signifiant de l’Autre S1, donc que le psychotique est barré de ce signifiant (il manque). Tout comme le névrosé, le psychotique est un parlêtre, il est barré par le signifiant. L’opération de séparation (avec le signifiant maitre S1, S du NDP) a lieu mais le psychotique, à la différence du névrosé refuse l’inscription du signifiant S2, lieu du savoir. Donc ce S2, « signifiant du grand Autre barré, le sujet de la psychose ne peut pas en faire son affaire » (p77). Il y bien un manque chez l’Autre mais le psychotique refuse la perte du S2. La castration ne peut être subjectivée, S2 reste dans le Réel, le a ne peut être pris dans le fantasme mais apparaît sous la forme de ce qui est halluciné, que ce soit le regard ou la voix. Dans cette structure, le grand Autre se présente dans sa complétude, donc il ne peut y avoir au deuxième temps de l’aliénation, la disparition d’une partie du signifiant S2, c'est la séparation qui ne peut avoir lieu avec la chute de a. 

Est-ce que tu entends la pensée de Faladé de cette façon ? elle parait là faire un écart avec Lacan

Est-ce que l'on peut résumer à cette formulation :  selon elle, Au 1er temps de l’aliénation, l'être est barré du signifiant, (peu importe la structure) mais le psychotique refusant la décompletude de l’Autre, il n’est pas barré de la jouissance. Il reste donc un sujet divisé mais non décollé du a ?

En outre dans sa conception, le S2 qui correspond à l’Autre, au savoir, n’est pas envisagée dans la psychose, il n’advient pas alors le symptôme ne serait plus référé à l’Autre et au savoir. Qu’est-ce qu’apporte cet écart de Faladé ? est-ce que ça fait du psychotique un être qui n’a pas accès à son savoir définitivement ? ce serait une conception déficitaire de la psychose !

 

Pourtant S. Faladé rappelle au début de son livre que dans la psychose comme dans la névrose, il y a bien un sujet barré et divisé d’ailleurs elle dit (p46) que le sujet c’est donc la coupure, il n’y a pas de différence entre le sujet barré et divisé. « Le sujet divisé permet de nous faire savoir qu’il y a un reste ». C'est la façon de faire avec le reste qui différencie névrose et psychose ?  Le psychotique refuse de se séparer du reste, de l'objet a , le garde dans sa poche. 

 

Le psychotique est sujet de l’inconscient (accès à son être et à son savoir) et sujet de jouissance, mais travail de la cure est de lui permettre de passer de la position d’objet d’une jouissance mortifère de l’Autre à une position de sujet divisé, divisé de cette jouissance de mort.

Ref : Solange Faladé : le Moi et la question du sujet, Séminaire 1988-1989. Éditions Economica, Anthropos psychanalyse, 2008