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La Chose en psychanalyse

À propos de La Chose

 

C’est alors que Faladé reprend la question de la Chose, das Ding, qu’elle situe dans l’enseignement lacanien à partir du séminaire L’Ethique et « ce qui est autour de la Chose, c’est en fait ce qui a à voir avec ce vide radical, ce manque, le fait que l’objet ne peut être constitué que parce que manquant. »[1]

Le reste, ça m’a aussi évoqué ça, la Chose, das Ding. Je l’ai lu chez Freud, je l’ai réentendu chez Lacan, je l’ai davantage saisi grâce aux séminaires de Solange Faladé qui m’ont accompagnée (accompagné) cette année, d’une grande finesse.

 

« Ce vide radical, c’est en fait ça, cette castration dont nous parle Freud. Et c’est autour de cela que sera constitué (constituée) une barrière, une barrière telle que le sujet va se mettre à l’abri de ce qui pourrait advenir s’il lui arrivait d’être en contact avec ce vide. »[2]

 

La Chose gagne en précision par la formule : « le vide de la Chose ». C’est du vide dont il s’agit. La Chose serait « ce lieu où la jouissance pourrait être trouvée, mais ce lieu avec lequel nous devrons nous efforcer de trouver un bon voisinage »[3]. Faladé insiste sur la barrière, indispensable à la Chose : il s’agit de mettre une distance avec la jouissance.

Le cri assignifiant devient parole, adresse à l’Autre d’une demande qui alors, devient décomplété et fait advenir le sujet barré. Dans la répétition de la demande, à ce moment-là se crée un vide, une vacuole au sein du grand Autre : c’est la Chose. Faladé dit alors qu’ici la jouissance devient interdite. La question du reste, et du reste du transfert qui comme je l’ai indiqué est toujours une adresse à l’Autre, m’a clairement fait écho avec ce qui de la Chose, est barré, interdit, inaccessible. Elle ajoute « il y a ce leurre, le premier objet qui ne sera jamais retrouvé. (…) le premier objet qui a satisfait ne sera jamais trouvé, c’est un lieu évidé, il faut que [le sujet] s’en accommode. »[4] Le refoulement originaire fait que des signifiants ne reviendront pas. Tout le Réel ne sera pas symbolisé. Il y a un reste. Quant à l’objet perdu, c’est bien en tant que perdu qu’il devient un objet. C’est donc bien la perte qui est primordiale.

 

Il est important aussi de noter que das Ding n’a pas de représentations. Le détail sur les mots allemands est intéressant. Das ding est littéralement le vide et pas les représentions de choses et de mots qui sont dans la chaine signifiante, inscrite au niveau de l’inconscient. Ce qui a donc conforté Lacan dans l’importance de distinguer la Chose[5]. Pour illustrer cela, j’ai trouvé ce passage l’ouvrage Lire Lacan :

 

« Qu’est-ce qu’une Chose ou, plutôt, qu’est-ce que la choséité d’une Chose en tant qu’elle est différente d’un objet, se demande le philosophe allemand ? Heidegger prend l’exemple d’une cruche : qu’est-ce qui fait d’elle un Das Ding et non une Die Sache ? Soyons attentif au fait que si l’argile cuite retient du liquide, elle ne le contient pas : le contenant c’est le vide et non la matière. Ce qui fait donc du vase une Chose c’est le vide qu’il désigne et non l’argile qui trace ses contours. Avec l’argile, le potier s’est contenté de donner forme au vide. (Comme la définition humoristique du macaroni : prendre une colonne de vide et y mettre de la pâte autour). »[6]

 

 

Faladé nous propose presque littéralement une clinique de la Chose, « une clinique différenciée de la jouissance des objets a, restes de jouissance, ayant (ou non) qualité de rien, articulée à la jouissance du vide de La chose »[7].

 

La Chose renvoie au vide au lieu de l’Autre, « au lieu évidé »[8].

 

Faladé nous invite aussi à plusieurs reprises à ne pas confondre le désir de l’Autre maternel et le désir de l’Autre, souvent confondus. Le désir maternel a à voir avec le S1, se rencontre dans l’intervalle S1-S2, tandis que le désir de l’Autre se rencontre grâce au S2, dans la séparation donc d’avec le S1.

 

Aussi, l’inexistence et l’incomplétude de l’Autre n’ont rien à voir avec une absence[9]. C’est le manque à être, indispensable au désir. L’Autre est un lieu vidé de jouissance. C’est à l’enfant, nous dit Faladé, d’ « évider » les signifiants, les représentations, tout ce qui a à voir avec la mère[10]. J’ajouterais que c’est au névrosé ensuite de s’y atteler dans une cure.

 

 

[1] Ibid., p. 11.

[2] Ibid.

[3] Ibid., p. 12.

[4] Ibid., p. 16.

[5] Ibid. p. 122.

[6] Ansaldi, J. « La notion de Das Ding », in Lire Lacan : L’éthique de la psychanalyse. Le Séminaire VII, Champ social Editions, 1998, p. 23.

[7] Réponse de Bernard Mary à Solange Faladé, in Faladé, S. Clinique des névroses (1991-1993), Paris, MJW Fédition, 2020, p. 295.

[8] Ibid., p. 328.

[9] Faladé, S. (1988-89). Op. cit., p. 273.

[10] Ibid., p. 274.

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