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Françoise Dolto - Fiche de lecture "Sexualité féminine"

 

J’ai trouvé cet ouvrage particulièrement dense mais assez facile à lire. Les illustrations cliniques de Dolto sont nombreuses et aident à articuler ses propositions théoriques. Le développement libidinal, des filles en particulier, est incroyablement détaillé, jusqu’à l’âge adulte, et certaines idées de Dolto m’ont évoqué certaines situations cliniques et m’ont mises au travail.

Dès le début de son texte, Dolto rappelle ce que Freud nous apprend quant au complexe de castration : filles et garçons ne sont pas logés à la même enseigne. Si le garçon doit faire face à la menace de castration, la fille, elle, succombe à l’envie du pénis (il me semble d’ailleurs sur ce point que la dernière brève d’Amorim oublie quelque peu la différence qu’il existe entre le destin du garçon et de la fille). Le destin de la fille sera alors de transformer symboliquement cette envie du pénis, notamment par l’envie d’un enfant du père, dans tous les cas, établir une transformation du fantasme d’un phallus imaginaire en sa perte et transformation en un phallus symbolique.

Dolto rappelle aussi la difficulté pour Freud de percevoir certaines données de la gente féminine du fait du transfert avec lui, homme.

Ce texte de Dolto, de par son style et sa façon de dire, m’a éclairci certaines données déjà connues. Par exemple qu’il existe une libido active à visée d’émission (pôle masculin) et une libido active à visée d’attraction (pôle féminin) et que très vite, la petite fille est investie de ces pulsions actives d’attraction (« disponibilité féminine à la recherche de la masculinité complémentaire » p. 29). Mes observations de bébés filles me l’ont également confirmé.

Dolto écrit avec plus de précision que la fille se tourne vers la mère pour son besoin de nourriture mais dès qu’elle est rassasiée, son intérêt se porte vers un homme qui se présente.

 

J’ai trouvé aussi tout à fait pertinente l’équivalence que fait Dolto entre angoisse de castration (pour le garçon) et angoisse de viol (pour la fille), angoisse de castration du fait du qu’elle est lié au désir de l’objet incestueux

Elle évoque même un désir de viol fécondateur de la petite fille envers son père, qui se transforme en angoisse et doit se résorber à la sortie de l’Œdipe.

 

J’ai beaucoup aimé dans ce texte comment Dolto retrace la complexité du destin de la libido féminine qui nous permet de sortir « de la vision pessimiste que Freud donne du destin féminin » (p. 34).

 

Je note évidemment le martelage de Dolto quant au fait que l’interdit de l’inceste doit être verbalisé ABSOLUMENT et de façon tout à fait claire, en nommant les organes génitaux et le rôle du coït dans la fécondation à l’enfant.

« Tout nourrisson a droit a sa vérité » (p. 215).

 

Dolto évoque aussi longuement la sexualité féminine à l’âge adulte, les différentes formes d’orgasmes et tout ce que suppose la rencontre charnelle entre homme et femme. Dolto fait une myriade de développements sur tout ce qui peut advenir d’une union sexuelle, sur l’amour et le désir entre un homme et une femme. Sur cette façon de dire « pôle d’émission d’attraction » concernant la femme, j’ai par association penser à ces femmes qui viennent nous consulter car elles ne parviennent pas à tomber enceinte alors que tout va bien au niveau organique. Je me suis alors demandé s’il n’y avait pas quelque chose du côté justement de cette émission coté mâle que la femme a, je dirai, à accepter, en cédant de son narcissisme phallique afin de pouvoir recevoir le « don » de monsieur. Cela m’a évoqué les obstacles et symptômes que peut causer la revendication phallique de la femme, y compris dans ce domaine.

 

Page 56, Dolto fait cette distinction entre sexualité femelle et libido féminine, qu’en avez-vous saisi ?

 

Au sujet de l’avortement, je note que Dolto souhaiterait que chaque femme qui se fasse avorter paye une amende symbolique même si elle se fait rembourser.

 

Dolto suppose que le critère inconscient de la recherche de l’être élu semble toujours être la « fertilité attendue » (p. 80) : « un fruit est toujours inconsciemment impliqué, sinon consciemment voulu, lors d’une rencontre entre hommes et femmes ».

 

Je retiens des différents développements de Dolto que le nourrisson « triomphe déjà d’un risque » si la mère se trouve « comblée par sa maternité, aimée par son conjoint heureuse de retrouver dans son enfant les traits de son union avec celui-ci » (p. 104).

Bref, si la mère désire avant tout son conjoint et trouve son plaisir sexuel auprès de lui et non pas auprès de son enfant, comme le sont ce que Dolto nomme des mères pédérastes et fétichistes.

 

Je note aussi ceci qui me rappelle les discours de nombreux patients quant à l’impossibilité de se séparer de la mère : « Pour qu’un acte soit effectivement concerté pleinement avec lui-même, il faut qu’il ne soit pas concerté avec la mère. C’est par le « non » au Moi contaminé du Moi de la mère que l’enfant se crée un « oui ». » (p. 117)

 

Dolto évoque aussi régulièrement l’importance, pour la fille, de la valorisation de son sexe, par la mère, en tant que sexe différent, « creux », pour que le sexe du garçon y mette le sien dans un rapport de désir et de plaisir, et non comme un sexe incomplet en rapport à celui du garçon.

 

A propos de la scène primitive, à savoir le fantasme du rapport sexuel entre les parents, Dolto écrit ceci : « Pour ma part, je la considère comme le véritable point final de la résolution œdipienne ; elle manque très souvent dans la structuration psychique de nos contemporains » (p. 166). Que veut-elle dire par là ?

 

L’ensemble des articulations de Dolto vont beaucoup dans le sens de la prévention, à privilégier à la guérison nous dit-elle.

 

 

J’ai trouvé aussi tout à fait important de souligner l’importance des paroles du père à la petite fille pour lui signifier qu’il ne peut la désirer génitalement afin qu’elle ne se sente pas dévaluée, « devenir un rien, puisque l’objet ne prend pas attention à elle » (p. 351).

 

J’ai également retenu le désaccord que Dolto exprime quant à la prévalence du clitoris sur le vagin. Pour Dolto, le désir d’être pénétrée est bien là précocement pour la petite fille.

 

Je note également cette remarque de Dolto que je partage tout à fait : « s’il n’a pas de père, le garçon est obligé de s’auto-castrer du fait de ses pulsions contradictoires vis-à-vis des filles » (p. 450).

Je pense qu’il en est de même pour les filles, en l’absence de fonction paternelle suffisante, il y a cette tentative de s’auto-castrer (dans le réel) et c’est l’action de la résistance du surmoi qui s’y emploie.

 

J’ai aimé cette formule selon laquelle le psychanalyste gêne le travail du patient, « par notre savoir et notre non-entendre » (p. 458) et que son rôle, « c’est de gêner le moins possible ». Elle ajoute même que « le patient a toujours raison ». C’est à mon avis à méditer.

 

Enfin, je note aussi cet exemple clinique remarquable de cet homme impuissant avec sa femme mais non avec sa maîtresse, à qui un chirurgien lui a proposé une vasectomie. Voilà l’ignorance de la médecine et ses dérives.

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