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Françoise Dolto - Fiche de lecture "Psychanalyse et pédiatrie"

J’ai trouvé cette œuvre de Françoise Dolto très riche et dense tant du point de vue théorique que clinique. Je l’ai trouvé évidemment plus académique, avec une méthodologie évidente et une fine articulation entre les élaborations théoriques de Dolto et ses nombreux cas cliniques.

J’ai été étonnée dans la partie théorique de ne voir aucune référence, aucune source citée, hormis Freud. Comme nous l’avions déjà repéré, on ne sait pas sur quoi Dolto étaye sa pensée si ce n’est sur sa clinique. Cela dit, à l’époque, il n’y avait pas peut-être pas pléthore de sources bibliographiques et même, pas disponibles d’accès.

 

Juste après avoir lu cet ouvrage, j’ai regardé le documentaire de mercredi dernier « La révolution Dolto » de Gérard Miller qui passait sur Fr 3. Il tombait à pic ! Après avoir parcouru toutes ces lectures de Dolto, le visionnage de ce documentaire m’a particulièrement touché et a ravivé chez moi un désir un peu plus intime de devenir psychanalyste. Je me suis régalé déjà en lisant Dolto, ce fut une merveilleuse idée, car j’y ai trouvé une vitalité, une humilité et une finesse clinique inouïe qui me sont d’ailleurs tout à fait apparues dans ce documentaire. J’ai pu y entendre et voir pratiquer Dolto, mais aussi Catherine Vanier et cela m’a vraiment donné une autre vision de notre travail quotidien.

 

J’en reviens à ma lecture de la thèse de Dolto. J’ai été surprise de voir des cas de 1939, contemporains de Freud plus que je ne le pensais.

J’ai d’ailleurs trouvé Dolto très freudienne dans ce travail. Elle pense toujours le développement de l’enfant et les symptômes en fonction des stades libidinaux et les complexes d’Œdipe et de castration sont centraux dans la formation et la résolution des symptômes. D’ailleurs, j’ai pu entrevoir dans le documentaire un exemplaire de sa thèse qui avait pour sous-titre « Le complexe de castration ». Cela ne m’a pas surprise. Je ne peux que faire le lien avec ma propre thèse qui a œuvré pour la même perspective, sans avoir eu le temps pourtant de lire Dolto aussi minutieusement. Je ne savais pas que j’étais si proche de sa pensée, si ce n’est qu’elle soignait des enfants alors que ma thèse traite des cures d’adultes, et que son travail de thèse n’est pas encore traversé par l’apport majeur de Lacan. Sa thèse est une tentative de démonstration que la « guérison » ou résolution des cures qu’elle mène est toujours en lien avec l’angoisse de castration à dépasser et l’objectif recherché est l’identification au parent du même sexe qui suppose la reconnaissance de la différence des sexes et l’assomptions de son propre sexe. Elle évoque dans son introduction « les traces du complexe de castration » dans les difficultés rencontrées (p. 13) et comment la réaction face au complexe d’Œdipe marque définitivement l’être. Ses cas cliniques sont alors une démonstration de cette base de lecture là et le psychanalyste, bien qu’elle explique que ce ne sont pas de « vraies psychanalyses », joue le rôle de médiateur, de « catalyseur » (p. 207) pour que le conflit puisse se dénouer en sa présence et notamment, grâce à la parole du clinicien. De nombreux cas sont présentés comme si la résolution du conflit advenait après une parole du psychanalyste bien dite. C’est le côté un peu « magique » dont a été crédité Dolto. A la lire, cela donne en effet cet effet là. J’ai pu y être sceptique, mais je ne peux que reconnaître son talent d’écoute et d’interprétation. J’ai souvent essayé de penser son travail en parallèle du travail avec les adultes et ça ne colle pas puisque nous devons davantage nous taire. Mais tout de même, son travail me fait penser à la « flèche à tirer » dont parle souvent Amorim et il me semble que le travail du psychanalyste réside aussi dans son talent de dire, au bon moment, la bonne chose à dire. Enfin, je me suis aussi demandé à quel point le travail avec les enfants est différent du point de vue de la « guérison » mais aussi de la prévention, dans laquelle s’inscrit justement les Maisons vertes crées par Dolto. Je me dis que le travail des enfants et différent de celui de l’adulte dans le sens où les trajectoires peuvent être encore davantage modifiées à l’âge de l’enfant et ainsi, il y a peut-être davantage lieu de dire, d’interpréter (de la part du clinicien) qu’avec l’adulte. C’est ainsi en tout cas que j’ai pu saisir quelque chose des effets impressionnants de sa méthode sur les enfants. Qu’en pensez-vous ?

 

Je retiens de ma lecture de Dolto évidemment sa défense pour la vérité à dire aux enfants et surtout que tout est langage. Le comportement, et cela va jusqu’au symptôme, est langage à se faire entendre. Il n’y a pas lieu de condamner l’enfant à une débilité apparente, à l’envoyer en maison de correction (j’ai appris que Dolto était ainsi contemporaine des bagnes pour enfants) et à lui donner des médicaments en réponse à ses symptômes. Ce fut une révolution à l’époque mais tout cela est évidemment encore d’actualité. Dolto a permis de changer les mœurs et toutes les maltraitances infligées aux enfants de l’époque. C’est beau de voir comment la psychanalyse a pu œuvré dans notre société de façon si capitale.

 

Au début de son texte, j’ai aimé cette simple définition de la castration comme « la frustration de possibilités de recherche de plaisir » (p. 18).

Les apports de Dolto aboutissent souvent des indications précises d’éducation, prenant en compte la sexualité infantile et la nécessité pour les parents d’aider leurs enfants à grandir avec cet élément-là pris en compte. Ainsi, elle déconseille de faire dormir l’enfant dans la même chambre, mais aussi d’embrasser son enfant sur la bouche (c’est réservé au conjoint), d’énoncer la loi de l’interdit de l’inceste en tant que loi universelle et aussi la différence des sexes.  

Dans son texte mais aussi dans ceux lus précédemment, elle fait toujours la démonstration que la butée face à l’angoisse de castration entraîne une régression à un stade libidinal inférieur, le plus « satisfaisant » pour l’enfant dit-elle et ainsi cause de symptômes.  

Cette butée face à l’angoisse de castration est souvent le fait d’une interdiction indélicate de la masturbation dont relève de nombreux cas cliniques dans sa thèse. Elle démontre comment le fait de mettre des mots, simplement, sur le désir de l’enfant et de l’y autoriser, de façon privée, permet d’apaiser son conflit pulsionnel. Sinon, il sera toujours question de culpabilité, et sa thèse insiste également sur le mécanisme auto-punitif de l’enfant qui cherche à apaiser cette culpabilité. C’est cet élément que j’avais retrouvé dans les cures adultes et que j’avais alors interprété comme une demande de castration.

Je note que Dolto distingue l’angoisse de castration consciente et le complexe de castration inconsciente (p. 79). Plus loin, elle indique même que pour le garçon, « l’angoisse de castration est une chose « heureuse » qui précède l’Œdipe et l’introduit. Le complexe de castration, au contraire, s’intrique à l’Œdipe ; il est dangereux et nocif s’il demeure » (p. 103). Pour la fille par contre, c’est l’angoisse qui est dangereuse (avant l’œdipe) et le complexe qui l’épanouit en tant que femme.            

Dolto confirme d’ailleurs plus loin que « le complexe de virilité est peut-être un des mobiles des plus puissants pour la femme à commencer une psychanalyse » (p. 118).

 

Au niveau de sa méthodologie, Dolto dit clairement qu’il ne s’agit pas de vraies psychanalyses mais de psychothérapie, dont l’action fait appel au conscient. Elle souligne le fait que grâce au transfert, il s’agit de « modifier le sur-moi pathologique », que nous pouvons entendre comme la résistance du surmoi, et donc, ce qui œuvre à l’auto-punition que se fait subir celui qui souffre. Je fus même surprise de voir Dolto faire des mathématiques et autres apprentissages avec l’enfant lorsque ceux-ci ont touchés par le conflit interne de l’enfant, ou encore des examens médicaux très précis. J’y vois l’arrière-fond médical et la visée éducative qu’elle donne à sa position. Cela a le mérite de prendre en charge globalement l’enfant.

 

Je retiens ceci : « Une psychanalyse en elle-même n’a jamais rendu un être plus sain qu’avant ; elle le met seulement sur la voie de le devenir après le traitement, par un travail de synthèse personnelle qui lui reste à faire après la disparation des mobiles inconscients qui ont tenu le patient lié, pendant la durée de son traitement psychanalytique, à tout ce qui l‘entourait, en particulier à la personne du médecin » (p. 159). Pour elle, les psychanalyses, qu’elle apparente à une « reconstruction de la personnalité », sont nécessairement longues pour garantir des « guérisons parfaites et définitives ». Cette guérison, Dolto la définit comme vivre « intérieurement en paix » (p. 160).        

 

Concernant ce qu’elle défend d’aider l’enfant à grandir, je retiens les nombreuses demandes au parent, à la mère surtout, de laisser l’enfant se débrouiller, se lever le matin, aller à l’école, faire ses devoirs, et tant pis s’il n’y va pas. Elle compte sur la punition de l’école pour qu’il puisse apprendre, notamment pour couper le lien avec la mère mais aussi je suppose, pour que la punition et le cadre puissent être posés ailleurs qu’à partir du lien mère-enfant qui défaille.        

 

Après nous avoir fait la démonstration de comment le symptôme découle de l’angoisse devant l’Œdipe, arrimée au complexe de castration et éveillant un besoin d‘auto-punition, Dolto conclut sans surprise sur l’importance du complexe d’Œdipe dans la vie de tout un chacun et les écueils qu’il produit chez les êtres souffrant. Elle évoque trois attitudes devant le complexe de castration : la soumission, qui seule permet une solution heureuse ; la fuite, qui est la plus grave de conséquence ; la protestation, que nous retrouvons chez beaucoup d’enfant et chez les névrosés.

 

Je retiendrai aussi la différence qu’elle fait pour le garçon qui est concerné par une angoisse de castration phallique alors que la fille est soumise à une angoisse de castration à deux étapes : phallique dans la période pré-œdipienne et utéro-ovario vaginal lors du complexe d’Œdipe qui est une « angoisse d’éviscération punitive du désir féminin » (p. 282). Retrouvez-vous cela dans la clinique ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                

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