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Fiche de lecture de l'oeuvre de S. Freud : Tome XI

S. Freud  Tome X

 

Sur la psychanalyse (1912)

 

Dans cette contribution scientifique au Congrès médical australien de septembre 1911, S. Freud met en lumière l’ensemble de ces découvertes sur la nouvelle « méthode de recherche » et « méthode de traitement » qu’il inaugure sur les névroses. Cette méthode est, précise-t-il, le fruit d’une démarche empirique, basée sur sa pratique clinique, et non sur de vaines spéculations. L’auteur y énonce la découverte de cette méthode psychanalytique, depuis ses travaux avec Breuer sur l’hystérie où il fut démontré que « les symptômes hystériques sont des restes (réminiscences) d’expériences bouleversantes, qui ont été soustraits à la conscience de tous les jours » (p. 30). Le traitement effectué par la psychanalyse consiste à se « débarrasser de ce refoulement, de manière à permette à une partie du matériel psychique inconscient de devenir conscient et de le priver ainsi de son pouvoir pathogène » (p. 30).

 

La psychanalyse a permis de repérer que les conflits psychiques se jouent toujours entre des forces pulsionnelles de nature sexuelle et les souhaits et tendances du reste du moi. Dans les névroses, les pulsions sexuelles succombent au refoulement et constituent la base la plus importante pour la formation des symptômes. Les symptômes peuvent alors être considérés comme des « substituts de satisfactions sexuelles » (p.31).

 

S. Freud évoque ensuite le fait qu’au-delà des facteurs somatiques et héréditaires déjà reconnus, les névroses s’expliquent aussi du fait du facteur « infantile » et qu’il est donc indispensable de remonter  jusqu’aux premières années d’enfance où des inhibitions du développement psychique ont eu lieu. Freud confirme son hypothèse qu’il existe une « sexualité infantile » (p. 31) constituée de plusieurs composantes et dont l’issue finale est la sexualité « normale » des adultes.

 

Les névroses apparaissent du fait de la constitution individuelle ou en raison d’incidents sexuels prématurés, combinés à une vie d’adulte interdisant la satisfaction de la libido.

 

Ainsi la théorie psychanalytique repose  sur trois facteurs fondamentaux : l’infantilisme, la sexualité et le refoulement.

 

Freud insiste pour dire qu’entre une personne « normale », un névrosé et un psychotique il n’y  pas de différence fondamentale mais une différence de degré.

 

Sur la dynamique de transfert (1912)

 

S. Freud écrit ici un article, publié en 1912, entièrement dédié au transfert et à son rôle dans la cure psychanalytique. L’auteur commence son exposé en expliquant que tout être humain a, du fait « de prédispositions congénitales et d’actions exercées sur lui pendant ses années d’enfance » (p. 107), une façon bien particulière de pratiquer sa vie amoureuse qui le conduit à répéter les mêmes situations.  Or, seule une partie des motions déterminant la vie amoureuse a parcouru la totalité du développement psychique et est donc accessible à la conscience. Une autre partie a été arrêtée dans son développement libidinal et demeure inconsciente. Ces deux parties jouent cependant chacune un rôle dans l’attitude de celui qui a besoin d’amour et qui n’est pas satisfait de la réalité. De là S. Freud affirme qu’il est donc évident que l’investissement libidinal « se tourne aussi vers la personne du médecin » (p. 108) et d’ajouter, « cet investissement va s’en tenir à des modèles, partir de l’un des clichés qui sont présents chez la personne concernée ou, comme nous pouvons le dire aussi, il va insérer le médecin dans l’une des « séries » psychiques que l’individu souffrant s’est formées jusqu’ici » (p. 108). Ce transfert ne se fait pas uniquement d’après l’imago paternelle mais peut aussi s’effectuer d’après l’imago maternelle, fraternelle etc. Le transfert instaure à la fois les représentations d’attentes conscientes mais aussi inconscientes.

 

Deux énigmes se posent à S. Freud dont l’intérêt est crucial pour le psychanalyste :

- Pourquoi le transfert est-il bien plus intense chez le névrosé en psychanalyse que chez d’autres non analysés ?

- Pourquoi le transfert se présente-t-il comme la plus forte résistance au traitement ?

 

A la première interrogation, l’auteur répond que cela ne tient absolument pas de la psychanalyse mais de la névrose et que des transferts aussi intenses pouvaient exister à l’encontre d’un médecin bien avant l’apparition de la psychanalyse.

 

Concernant la seconde interrogation, l’auteur évoque en effet que le transfert est une condition indéniable porteuse de l’action curative, mais qu’il peut aussi être la cause des défaillances de l’association libre et des blocages des patients.

 

La résistance apparait tout au long du traitement et représente un compromis issu des forces visant à la guérison et celles qui s’y opposent. En effet, toute entrée dans une maladie psychonévrotique est due au processus, identifié par Jung, d’introversion de la libido. Une part de libido tournée vers la réalité s’amenuise du fait qu’une autre part de libido liée aux fantaisies inconscientes augmente. Ainsi la libido s’engage dans la régression et revivifie les imagines infantiles. De ce fait, la psychanalyse qui propose de rendre à nouveau accessible cette libido à la conscience doit faire face aux forces qui ont causé la régression et qui alimentent donc les résistances au traitement. Mais pourquoi le transfert rendrait-il l’aveu et les associations libres difficiles ?

 

Ici S. Freud décompose le transfert en transfert positif (motions tendres) et négatif (motions hostile) et soutient que dans les deux cas, le transfert se prête à la résistance. En effet, les sentiments tendres de sympathie et d’affection sont en réalité des motions érotiques refoulées. Ainsi selon l’auteur, l’objet de la psychanalyse est de rendre conscient la partie inconsciente du transfert afin que la partie consciente soit porteuse de succès. Le succès de la psychanalyse reposerait sur la « suggestion » entendue par Ferenczi par « l’influence exercée sur un être humain au moyen de phénomènes de transfert qui sont chez lui possibles » (p.114). La suggestion permet de faire acquérir au patient une autonomie finale en lui faisant « effectuer un travail psychique qui a pour conséquence nécessaire une amélioration durable de sa situation psychique » (p. 114).

 

Bleuler a nommé ambivalence le fait que le patient éprouve à la fois un transfert négatif et positif, particulièrement présent chez les névrosés. Lorsque le transfert devient majoritairement négatif comme chez les paranoïaques, « la possibilité d’influencement et de guérison prend fin » (p. 115).

 

S. Freud conclue cet ouvrage en affirmant que toutes les résistances de transfertd’un patient dans une cure « résultent à nouveau de la situation psychologique dans laquelle la cure a placé l’analysé » (p. 116). Les résistances se réveillent « en cherchant à la trace la libido qui a échappé au conscient » (p. 116) et aboutissent à un combat médecin-patient, entre intellect et vie pulsionnelle et se joue sur les phénomènes de transfert. « Il est indéniable que soumettre à contrainte les phénomènes de transfert comporte pour le psychanalyste les plus grandes difficultés, mais on ne saurait oublier que ce sont justement ces phénomènes qui nous procurent l’inestimable service de rendre actuelles et manifestes chez les malades les motions d’amour cachées et oubliées, car finalement nul ne peut être abattu in absentia ou in effigie » (p. 116).

 

A la lecture de ce texte, que penser alors du transfert et de cette suggestion tels qu’évoqués par S. Freud ?

 

Des types d’entrée dans la maladie névrotique (1912)

 

Dans cet article publié en mars 1912, S. Freud fait part de ses hypothèses sur le rôle du « refusement » dans la théorie psychanalytique. Le refusement est « le facteur occasionnant le plus immédiat, le plus facilement décelable et le mieux compréhensible de l’entrée en maladie névrotique » (p. 119). L’individu, dont le besoin d’amour était autrefois satisfait par un objet réel du monde extérieur, devient névrosé dès lors que « cet objet lui est retiré, sans qu’à la place se trouve un substitut » (p. 119). La maladie commence donc dans ce cas du fait de l’abstinence. « Le refusement agit de façon pathogène en ce qu’il met en stase la libido et met maintenant l’individu à l’épreuve de savoir combien de temps il supportera cet accroissement de la tension psychique, et quelles voies il empruntera pour se débarrasser de celle-ci » (p. 120). Deux possibilités existent pour que l’indivis ne tombe pas malade de névrose : soit il transpose la tension psychique en énergie active qui reste tournée vers le monde extérieure et obtient une satisfaction réelle de la libido, soit il renonce à la satisfaction réelle de la libido en la sublimant pour atteindre des buts qui ne sont plus érotiques et qui échappent donc au refusement. Si l’individu ne parvient à ces deux possibilités, la libido trop forte va devenir introvertie. Elle se détourne de la réalité pour se tourner vers la vie de fantaisie et continuer à rétrograder sur le chemin de la régression des voies infantiles où elle trouve un matériel inconscient refoulé. Ainsi se forme des conflits entre cette partie de la personnalité et l’autre restée consciente, en relation avec la réalité. Ce conflit se résout par des « formations de symptômes et débouche dans une affection manifeste » (p. 121.). Est assignée la tâche de renoncer à une satisfaction et l’individu tombe malade du fait de son incapacité de résistance.

 

La deuxième possibilité d’entrée en maladie n’est pas cette fois-ci due à une modification du monde extérieur qui a remplacé la satisfaction en refusement, mais à un effort de l’individu pour se procurer la satisfaction accessible dans la réalité. Il tombe malade en voulant « remplir « l’exigence du réel », tentative où il se heurte à des difficultés internes insurmontables » (p. 121). Ici est assignée la tâche d’échanger une satisfaction contre une autre et la personne échoue du fait de sa rigidité et du poids des expériences de vie (sexuelles) infantile. Le refusement ne provient pas directement du monde extérieur mais de certaines tendances du moi qui refuse un certain type de satisfaction considérée comme la seule possible.

 

Ces deux possibilités ont en commun l’inadaptation à la réalité en tant que la réalité refuse la satisfaction de la libido.

 

Le troisième type d’entrée en maladie est celui par inhibition du développement, du fait de l’exigence du réel. La libido n’a jamais quitté les fixations infantiles et l’exigence du réel ne se présente ici pas brusquement mais du fit du vieillissement de l’individu.

 

Le quatrième et dernier type d’entrée en maladie se produit chez des individus en bonne santé et sans qu’aucune expérience nouvelle ou modification du monde extérieur apparaisse. L’entrée en maladie s’explique du fait de processus biologiques régis par des lois (puberté, ménopause) qui bouleversent considérablement la quantité de libido ce qui suffit à renverser l’équilibre de la personne. L’augmentation de libido ne trouve pas satisfaction dans le monde extérieur habitué à moins et « la libido insatisfaite et stasée peut rouvrir les voies de la régression » (p.124).

 

Dans tous ces types d’entrée en maladie, c’est bien une mesure de libido qui est à la base de la production d’un effet pathogène. De ce fait deux propositions majeures de la psychanalyse sont confirmées :

 

- La névrose est issue d’un conflit entre le moi et la libido

 

- Il n’existe aucune distinction qualitative entre les gens en bonne santé et ceux souffrant de névrose. Ceux en bonne santé doivent affronter les mêmes taches consistant à maitriser la libido sauf qu’ils y ont mieux réussi. 

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