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Fiche de lecture de l'oeuvre de S. Freud : Tome X , De la psychanalyse (1910)

De la psychanalyse (1910)

 

En 1909, Freud est invité par G.S. Hall, président de la Clark University de Worcester pour une série de conférences à l'occasion du 20ème anniversaire de la fondation de cette université.

 

Les textes qu'il rédigea à cette occasion sont à mes yeux un excellent résumé de toutes ces trouvailles, hypothèses et autres théories qu'il défend depuis la naissance de la psychanalyse et qu'il a rédigé dans ces écrits antérieurs.

 

La première conférence évoque la spécificité de l'hystérie et la nécessité de s'éloigner de la vision organiciste de la maladie. Le savoir du médecin (formation anatomique et physiologique) devant les phénomènes hystériques « le laisse en panne ». Ainsi les malades s'orientent vers l'hypnose et Freud et Breuer tirent la conclusion que les symptômes disparaissent dès lors que le patiet se remémore, « avec manifestation d'affect, en quelle occasion et en vertu de quel contexte ces symptômes étaient survenus pour la première fois » (p9). Les symptômes apparaissent alors comme des restes d'expériences vécues chargées d'affect que l'auteur nomme « traumas psychiques ». Les malades hystériques souffrent de réminiscences (symboles mnésiques de certaines expériences vécues traumatiques). La névrose s'explique alors par « une fixation de la vie d'âme aux traumas pathogènes » (p9). Les affects « coincés » chez l'hystérique se transposent alors en innervations et inhibitions corporelles : c'est la « conversion hystérique » (p15). Freud affirme ensuite, grâce à l'étude des phénomènes hypnotiques, que « dans un seul et même individu, plusieurs groupements animiques sont possibles, qui peuvent rester indépendants les uns des autres, « ne savent rien » les uns sur les autres » (p16). Il y a ainsi l'état de l'âme conscient et l'état de l'âme inconscient. « Là où se trouve un symptôme existe aussi une amnésie, une lacune du souvenir, et le comblement de cette lacune inclut en soi la suppression des conditions d'apparition du symptôme » (p16).

 

Dans sa seconde conférence, Freud explique qu'il a abandonné l'hypnose, « moyen auxiliaire capricieux et pour ainsi dire mystique » (p19) qui ne lui permettait de mettre en état hypnotique qu'une partie des malades. C'est le traitement cathartique qu'il voulut conserver et rendre indépendant de l'hypnose. Ainsi Freud commença a travailler avec l'état normal des patients en utilisant la suggestion pour leur soutirer encore davantage de souvenirs et pensées, en posant sa main sur leur front. Cette technique trop laborieuse fut aussi abandonnée mais Freud en tira la conclusion que les souvenirs oubliés ne sont pas perdus. « Ils étaient en la possession du malade et prêts à émerger en association avec ce qui était encore su par lui, mais une quelconque force les empêchait de devenir conscients et les obligeaient à rester inconscients » (p20). L'auteur nomme résistance la force qui maintient l'état morbide du patient. Cette résistance est au fondement même de l'hystérie : « ces mêmes forces qui s'opposent à rendre conscient l'oubli devaient avoir provoqué en leur temps cet oubli et avoir repoussé hors de la conscience les expériences vécues pathogènes en question » (p20). C'est ce que Freud nomme le refoulement, démontré par l'existence de la résistance. Le refoulement s'explique par une représentation inconciliable (motion de souhait) avec le moi du patient (exigences éthiques et esthétiques de la personnalité). Le déplaisir provoqué par ce souhait inconciliable et le conflit qui en résulte sont épargnés par le refoulement, « dispositif de protection de la personnalité animique » (p21). A la différence de P. Janet qui pose l'hypothèse d'une cause héréditaire de l'hystérie, Freud explique le clivage psychique des malades hystériques comme résultant d'un « conflit de forces d'âmes antagonistes », d'un « affrontement actif de deux groupements psychiques antagonistes l'un contre l'autre » (p22). La névrose est donc un échec du refoulement. Le motion de souhait refoulée continue d'exister, est à l'affut d'être activée et fait intrusion dans la conscience part une formation de substitut déformée, en place du refoulé, le symptôme.
Ainsi, une fois le refoulé ramené à la conscience, la psychanalyse peut donner une meilleure issue au malade que le refoulement. Plusieurs façons existent pour mener le conflit et la névrose à une fin heureuse :


- la personnalité du malade se convainc qu'elle a rejeté à tort le souhait pathogène et l'accepte en tout ou en partie


- ou le souhait est dirigé vers un but plus élevé et donc soustrait aux objections (sublimation)


- ou le patient reconnaît le rejet légitime et le condamne suffisamment pour parvenir à une domination consciente.

 

La troisième conférence évoque l'importance de l'idée incidente du malade qui contient l'élément cherché. Elle apparaît elle aussi comme un symptôme, c'est-à-dire une formation de substitut en place du refoulé et déformée par les résistances. Freud donne comme exemple de cette déformation de l'élément cherché caché le trait d'esprit qui, comme l'idée incidente, ne sert qu'à cacher, à ne pas dire, ce qui est refoulé.
Selon Freud, pour parvenir à l'élément refoulé (au complexe : représentations investies d'affects) il faut laisser le patient parler et dire ce qui lui vient à l'esprit car toute idée incidente est reliée au complexe cherché. Ainsi, toute résistance, tout blocage du patient lors de son élaboration (sous forme de jugement du patient sur ses propres idées) sont signes d'un matériel précieux qui mène sur la trace des complexes refoulés. 
La règle fondamentale de la psychanalyse est donc la libre association du patient. Ce n'est cependant pas l'unique procédé qu'utilise la psychanalyse. Freud évoque alors l'importance et la pertinence de l'interprétation des rêves et des actes manqués, qui sont tout deux également l'expression déformée de souhait refoulé.

Dans la quatrième conférence, Freud rappelle une autre thèse majeure qu'il défend : les motions de souhait pathogènes sont de nature érotique. Un travail d'analyse réussi, permettant le rétablissement d'un cas de maladie, ne s'arrête pas aux circonstances ayant entrainé l'entrée en maladie mais remonte nécessairement aux expériences vécues à la puberté et dans la prime enfance. La pulsion sexuelle est en effet présente dès l'enfance. C'est de la sexualité infantile que procède la sexualité normale de l'adulte. Cette activité sexuelle infantile devient alors tabou car oubliée, refoulée par l'éducation et la culture. Freud affirme pourtant qu'elle est bien présente, active, chez l'enfant et est indépendante de la fonction de reproduction. La sexualité infantile consiste en l'octroi de plaisir via l'excitation de zones érogènes du corps (buccale, anale, urétrale etc.) ainsi que l'excitation masturbatoire des organes génitaux. Cette satisfaction sexuelle sur le corps propre est nommé auto-érotisme. À la puberté, les pulsions partielles se subordonnent à la suprématie de la zone génitale et la vie sexuelle entre au service de la reproduction. La satisfaction des pulsions partielles ne servent qu'à préparer et favoriser l'acte sexuel proprement dit. Mais toutes les composantes sexuelles originelles ne sont pas toutes autorisées à prendre part à la vie sexuelle définitive. Certaines (pulsions coprophiles par exemple) ont été refoulées par des puissances animiques telles que le dégout, la pudeur, la morale. Lorsqu'une pulsion partielle ne se soumet pas au primat de la zone génitale, elle reste indépendante et consiste en une perversion. Les névroses ne sont que le négatif de la perversion : les mêmes composantes pulsionnelles y sont décelables comme porteurs de complexes et formateurs de symptômes mais elles agissent, dans la névrose, à partir de l'inconscient. Une manifestation forte et précoce de ces pulsions entrainera une fixation partielle. Freud ajoute que le terme de sexualité est donc à attendre dans un sens plus large que celui auquel on est habitué. La sexualité prend son sens dans ce qu'il renvoie de la sexualité infantile.


Freud poursuit sur les objets d'amour primitifs de l'enfant qui concernent les personnes prenant soin de lui et plus exclusivement les parents. Les souhaits érotiques de l'enfant concernent les parents, et généralement le parent du sexe opposé. Ainsi l'enfant éprouve des sentiments érotiques pour l'un des parents, des sentiments hostiles envers l'autre qui devient son rival. Le complexe formé (complexe d'œdipe) sera objet du refoulement et constitue le complexe nucléaire des névroses (p47).
Freud évoque également les 3 théories infantiles majeures :


- la femme comme l'homme a un pénis,


- les enfants viennent par l'alimentation et sortent du système digestif,


- l'acte sexuel est un acte hostile, violent.

 

La cinquième conférence tire les conclusions de l'ensemble des découvertes antérieures et pose l'hypothèse que l'essence et la tendance des affections névrotiques repose sur l'insatisfaction du besoin érotique. L'individu fuit dans la maladie pour y trouver une satisfaction substitutive. Les résistances au traitement s'expliquent à la fois par le moi du malade qui ne veut pas « abandonner les refoulements par lesquels il s'est élevé au-dessus des prédispositions originelles » (p49) mais aussi par les pulsions sexuelles qui ne veulent pas lâcher la satisfaction substitutive du symptôme. La réalité effective étant insatisfaisante, l'individu entretiendra une vie de fantaisie pour compenser les manques de la réalité. L'homme sain sera celui qui parviendra à transposer, par le travail, ses fantaisies de souhait en réalité. Sinon aura lieu le détournement par rapport à la réalité par lequel l'individu se retire dans son monde de fantaisie dont il transpose le contenu en symptôme. Celui qui aura un don artistique pourra transformer ses fantaisies inconscientes en créations artistiques et non en symptômes.

Dans la cure analytique, le transfert (motions tendres ou hostiles adressées au médecin dérivées de souhaits de fantaisies anciens et inconscients) s'instaure spontanément et est porteur de l'influence exercée par la thérapie. « La psychanalyse ne le crée pas, elle le découvre seulement à la conscience et s'empare de lui pour orienter les processus psychiques vers le but souhaité » (p51).

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