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Fiche de lecture de l'oeuvre de S. Freud : Tome IV, L’interprétation des rêves (1899)

L’interprétation des rêves (1899)

 

L’interprétation des rêves, publiée en 1899, fut un travail de longue haleine pour son auteur, qui dépuis bien des années avant son édition, s’intéressait à comprendre ses propres rêves.

Ce fut une œuvre majeure dans l’histoire de la psychanalyse, Freud la désignant lui-même comme marquant la naissance de la psychanalyse. « La psychanalyse est pour ainsi dire née avec le XXème siècle ; la publication par laquelle elle parait aux yeux du monde comme quelque chose de nouveau, mon Interprétation des rêves, porte le millésime de 1900. » p10.

Dans sa remarque préliminaire, Freud désigne le rêve comme le premier maillon dans la série de formation psychique anormale. La compréhension des images du rêve est selon lui primordiale pour comprendre en outre les phobies, idées de contraintes et idées délirantes.

Freud commence son exposé en exposant l’ensemble de la littérature scientifique traitant du sujet du rêve, avec pour objectif de montrer que le rêve est une formation psychique pleine de sens.

Nous apprenons alors que le rêve était avant tout perçu, dans l’antiquité classique, comme provenant d’une force divine. Puis selon Aristote, le rêve est défini comme comme l’activité de celui qui dort, et issu des lois de l’esprit humain, bien qu’apparenté à la divinité.

A cette époque, ce qui apparait dans le rêve reste étranger, provenant d’un autre monde.

Concernant le rapport entre la vie de veille et le rêve, Freud souligne le fait que le rêve prend le matériel de la vie effective et de la vie mentale qui se déroule à partir de cette réalité.

Cependant, ce qui est su ou remémoré dans le rêve bien qu’issu de la réalité effective du rêveur, avait été soustrait à l’état de veille à la capacité de remémoration (p37).

Le rêve dispose de souvenirs auxquels l’état de veille ne peut accéder (p39).

Une des sources du rêve, non remémorée à l’état de veille, est la vie d’enfance. En effet, beaucoup d’impressions et de souvenirs d’enfance referaient surface dans le rêve. Mais le rêve est bien différent d’une représentation ou d’une répétitions d'expériences vécues. Le matériel apparait modifié, transformé, voire étranger au rêveur. « Le rêve n’apporte que des fragments de représentations » p 48.

Freud fait ensuite le tour des différents stimuli à la source des rêves relevés dans la littérature. Le rêve est ici conçu comme une « perturbation du sommeil ». 4 sources sont retenues :

- Stimuli sensoriels externes - Stimuli sensoriels internes - Stimuli corporels

- Stimuli psychiques.

Concernant les particularités psychologiques du rêve, Freud souligne le fait que le rêve serait le résultat de l'activité d'âme. Cependant, un sentiment d'étrangeté apparaît souvent à la suite des rêves. Freud, par le biais d'autres auteurs, l'explique par le fait que la scène du rêve est tout autre que celle de la vie de représentation vigile (p78).

De plus, l'activité de pensée se fait en pensée et concept, tandis que le rêve s'exprime en image.

Le rêve serait alors une transformation de la représentation en hallucination. De même, l'âme ne peut appliquer au rêve la loi de la causalité. L'incohérence du rêve est l'unique caractère essentiel du rêve (p86).

Enfin, Freud souligne le fait que la vie affective avant tout dirige le rêve.

L'affirmation divine du rêve est largement réfutée et le rêve devient objet d'investigation biologique et intellectuelle. Freud évoque ici rapidement la possibilité d'une explication psychologique naturelle de la vie de rêve.

Freud pose ensuite la question de savoir si les sentiments moraux dans l'état de veille se retrouve également dans la vie de rêve. Selon certains auteurs, le jugement moral y est faible et l'indifférence éthique prédomine. Le rêve serait dépourvu de tout sentiment et jugement moral (p97). D'autres affirment que les particularités morales des individus se reflètent dans le rêve. «Plus la vie est pure, plus pur est le rêve ». la nature morale de l'homme subsiste. L'immoralité desrêves viendrait selon Hildebrandt des «germes et indices de motions mauvaises qui traversent nos âmes à longueur de journée » p101.

«Le rêve nous permet sans doute parfois de jeter un regard dans les profondeurs et les replis de notre être qui, à l'état de veille, nous restent le plus souvent fermés» p102.

Selon Kant, le rêve est sans doute là pour nous découvrir les prédispositions cachées et nous révéler non pas ce que nous sommes mais ce que nous aurions pu devenir ». p102.

Radestock ajoute que le rêve « ne fait que nous révéler ce que nous ne voulons pas nous avouer ».

Freud nomme « représentations non voulues » (p103) tout le « matériel de représentations dont la présence dans les rêves immoraux comme dans les rêves absurdes nous déconcerte ».

le rêve serait un moyen de rendre accessible à notre connaissance cet intérieur de l'âme qui est caché. Les représentations non voulues ne sont que les représentations réprimées pendant le jour. Leur émergence est un authentique phénomène psychique.

Théories du rêve et fonction du rêve

Freud évoque diverses théories du rêve : celle selon laquelle se poursuit dans le rêve la pleine activité psychique de l'état de veille celle selon laquelle l'activité psychique s'abaisse dans le rêve (processus somatique, vertu curative de délestage). C'est sur cette base que certains auteurs ont remarqué que nous ne rêvons pas de ce qui nous a occupé pendant la journée mais de reste d'impressions et de souvenirs d'une époque antérieure, de souvenirs inconscients p113. « Moins une impression a été consciente et plus elle a été forte, plus elle a de chance de jouer un rôle dans le prochain rêve ». « dans le rêve vient au jour ce qui a été psychique ment réprimé » p114. celle selon laquelle l'âme qui rêve effectue des opérations psychiques particulières qu'elle ne peut effectuer à l'état de veille (activité régénératrice et curative du rêve par compensation des états affectifs de l'état de veille). « le sommeil est un bienfait pour la vie d'âme » p116.

Relation entre rêves et maladies mentales

Freud souligne ici que dans certaines observations, le rêve serait la cause déterminante de la folie (p122).

Méthode d'interprétation du reve

nous sommes ici au cœur de la découverte de Freud selon laquelle le rêve est susceptible d'être interprété. Tout rêve a un sens caché qu'il est possible de découvrir (p131).

Freud déclare qu'il s'agit là de la même méthode pour interpréter un rêve que celle pour traiter un symptôme, c'est à dire « ramener la représentation pathologique aux éléments dont elle procède dans la vie d'âme du malade » (p135). Pour cela une préparation psychique est nécessaire. Il faut intensifier l'attention (position de repos, yeux fermés) et renoncer à la critique (imposé par le thérapeute).

Freud poursuit en affirmant que le rêve est un accomplissement de souhait et que ce dernier est le sens de chaque rêve (p167).

Le rêve contient un contenu manifeste et un contenu latent (pensées de rêve). L'interprétation du

rêve consiste donc à découvrir ce contenu latent. Sans cette analyse, le rêve n'a pas de sens car le contenu manifeste n'est toujours qu'une déformation des pensées du rêve. La déformation s'avère intentionnelle et est un moyen de dissimulation (p177). En effet, les pensées du rêve sont transformées du fait de la censure, seconde instance psychique selon Freud. « les auteurs de la mise en forme psychique sont deux puissances psychiques, dont l'une constitue le souhaite amené à l'expression par le rêve, tandis que l'autre exerce une censure sur ce souhait de rêve et, par la contrainte de cette censure, aboutit à une transformation de la manifestation de ce souhait. »

nous sommes ici au cœur d'une avancée majeure pour la psychanalyse : l'appareil psychique serait composé de diverses instances psychiques. Une première serait inconsciente et son contenu serait déformée par une seconde, ayant pour rôle de censurer des représentations ne pouvant pas parvenir à la conscience. Nous somme ici aux prémices du ça et du surmoi.

« le contenu pénible ne sert qu'au déguisement du contenu souhaité ». « les rêves pénibles contiennent de fait quelque chose qui est pénible à la seconde instance mais qui accomplit en même temps un souhait de la seconde instance » p 181.

« les rêves ont un double sens, comme toutes les formations psychopathologiques » p184.

Ainsi, le rêve est l'accomplissement (déguisé) d'un souhait (réprimé, refoulé).

Nous voyons ici aussi apparaître le processus de refoulement, mécanisme de défense fondamental.

Freud continue son exposé sur le matériel et les sources du rêve et souligne que le contenu du rêve est toujours, d'une manière ou d'une autre, rattachée aux expériences de la journée écoulée.

Il évoque plus loin les rêves typiques, rêves que fait tout un chacun selon les mêmes schémas et d'après les mêmes sources. Le rêve de la nudité est alors interprété comme un rêve d'exhibition, censuré à l'état de veille et qui trouve son accomplissement dans le rêve. La sensation pénible de honte serait alors la réaction de la seconde instance. Il y aurait ainsi un conflit de volonté entre une intention inconsciente et l'exigence de la censure. Ici le parallèle est alors flagrant entre la formation d'un symptome et la formation du rêve.

De même, dans le rêve typique de mort d'un proche, nous sommes au début de la théorie du complexe d'œdipe, l'enfant fantasmant de tuer le parent du sexe opposé; ici encore le rêve sert à l'accomplissement d'un souhait.

La censure agit en déformant le rêve pour prévenir l'angoisse ou d'autre formes d'affects pénibles.

Freud continue ensuite sur les mécanismes à l'œuvre dans le rêve, qu'il s'agit de découvrir pour interpréter le rêve : la condensation : formation de points nodaux où se regroupent diverses pensées du rêve (fabrication de personnes collectives et composites, formations de mots abbérants etc.)

le déplacement : liaison entre les pensées de rêve et le contenu du rêve. Ces deux mécanisme sont « les deux maitres ouvriers » de le formation du rêve.

L'objectif de ces deux mécanismes est de se soustraire et de satisfaire la seconde instance psychique de censure. Le contenu du rêve est ainsi déformée, déguisé, et ne sera réellement compris qu'une fois la censure levée par l'analyse profonde des pensée du rêve.

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