Le symptôme : un processus métaphorique

La lecture lacanienne du symptôme le désigne comme une métaphore, qui a fonction de substitution signifiante, à savoir « substitution signifiante d’un signifiant nouveau à un signifiant ancien, refoulé. Le signifiant nouveau (le symptôme) entretient un lien de similarité avec le signifiant refoulé qu’il supplante. »[1]

La métaphore a cette caractéristique qu’elle engendre une nouvelle signification. Un signifiant S1, refoulé, est remplacé par un S2 puis encore par d’autres signifiants, jusqu’à n’avoir plus aucun lien apparent avec le signifiant refoulé, brouillant ainsi les pistes pour celui qui en souffre et qui aura à remonter le fil de la chaîne signifiante. Ainsi, Lacan dit que « le symptôme est un retour de la vérité. Il ne s’interprète que dans l’ordre du signifiant qui n’a de sens que dans sa relation à un autre signifiant »[2].

Le symptôme est aussi soumis à la loi du langage et à la primauté du signifiant, à savoir que c’est « lui qui gouverne dans le discours du sujet ; voire c’est lui qui gouverne le sujet lui-même »[3]. Ainsi, le symptôme et les autres formations de l’inconscient ont le « caractère de signifier tout autre chose que ce qu’elles signifient immédiatement »[4].

Le symptôme est structuré comme un langage, cela suppose que « la dimension du symptôme, c’est que ça parle. Ça parle même à ceux qui ne savent pas entendre. Ça ne dit pas tout même à ceux qui le savent. »[5]

Si pour Freud le symptôme est l’expression d’un conflit intrapsychique et l’angoisse celle d‘un manque, pour Lacan, le symptôme est un processus métaphorique et l’angoisse signe d’un manque de manque. Un tel changement de perspective, d’une telle justesse clinique, apporte une toute autre lecture de la souffrance et du symptôme et rejoint foncièrement la division subjective de l’être qui ne se réduit pas à ce qu’il dit mais bien à ce qu’il ne dit pas ou pas encore.

[1] Dor, J. Introduction à la lecture de Jacques Lacan. L’inconscient structuré comme un langage, Editions Denoël, 1985, p. 81.

[2] Lacan cité par J. Dor, ibid. p. 85.

[3] Ibid., p. 53.

[4] Ibid., p. 20-21.

[5] Lacan, J. Le séminaire, livre XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Ed. du Seuil, 2007, p. 24.