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FIn d'analyse et guérison chez Freud

Pour Freud, la cure psychanalytique offre au patient un gain d’énergie psychique en retrouvant la part de libido accaparée par les symptômes. Comparant la psychanalyse à des fouilles archéologiques, Freud considère que la psychanalyse ne mérite ce nom que lorsqu'elle parvient à descendre dans les strates les plus profondes du développement animique pour en tirer les solutions aux problèmes actuels du patient. Il s'agit bien, en psychanalyse, d'un travail en profondeur, qui vise à faire surgir un savoir profond, ancré, refoulé, grâce à la règle fondamentale de l'association libre. Freud défendra une idée idéale selon laquelle la cure doit viser à élucider complètement tous les refoulements du patient qui devrait parvenir à une connaissance de soi complète. De son aveu même, cela ne se produit jamais ainsi dans la clinique. Il est impossible, en tant que but de la cure psychanalytique, de rendre conscient tout ce qui est inconscient, et Freud émet des doutes quant au fait qu’une psychanalyse, même menée à son terme, puisse empêcher un retour de la névrose sous une forme ou une autre.

 

Il défend aussi l'idée que la psychanalyse permet de dompter les pulsions, de ne plus leur obéir en esclave, et qu'elle donne la possibilité au moi de s'adapter aux pulsions du ça et aux contraintes extérieures. Cela rejoint sa vision idée de la cure comme fonction de rééducation. Cette rééducation sera entravée si la force des pulsions est trop importante, pouvant même déboucher sur une analyse interminable.

La notion freudienne de perlaboration vient marquer un tournant majeur de la pensée freudienne lorsqu'il découvre la force des résistances du malade et son importance dans le mécanisme de guérison. Il ne s'agit plus en effet seulement de lever les refoulements et d’obtenir un savoir sur son inconscient, mais il s'agit avant tout de travailler sur les résistances, les surmonter, afin de faire céder les bénéfices secondaires du symptôme.

Quant à la fin de la cure, Freud l’associe à la mise à découvert des traumas les plus précoces ainsi qu’à la reconnaissance, voire à la liquidation, des fantaisies infantiles.

 

Freud a écarté la suggestion au fur et à mesure de l'élaboration de sa technique et s'est fait de moins en moins interventionniste dans ses séances pour laisser toute la place à l'association libre du patient. Il critiquera en effet régulièrement les différents modes d'action qu'il a pu expérimenter lors des séances, et notamment les interprétations du psychanalyste, qui n'ont aucun intérêt face aux résistances du patient. Il reviendra également sur la fixation d'un terme à la cure qui s’est avérée infructueuse. La seule suggestion, selon Freud, doit être celle provoquée par le mécanisme du transfert, essentielle à l'analyse.

Quant à la castration, pour Freud, il s'agit d'une limite indépassable, un « roc », l'homme ne pouvant dépasser son refus de la féminité et la femme son envie de pénis. Il fait du complexe de castration l'irréductibilité de la psychanalyse, un point infranchissable. Si on se reporte aux derniers textes de Freud, en particulier l’Abrégé de la psychanalyse de 1938 et que la mort ne lui a pas laissé le temps d’achever, le complexe de castration y est décrit comme « le trauma le plus fort de sa jeune vie (le garçon)»[1]. Freud se questionne encore sur la possibilité de guérison.

 

« Dès lors, est-il hardi d’espérer pouvoir soumettre aussi à notre influence les affections spontanées et redoutées de la vie d’âme et les amener à la guérison ? »[2]

 

Certains faits nous permettent de le supposer mais dans le même ouvrage, Freud parle évoque le complexe de castration comme la partie qui, chez les patients, se rebelle le plus fortement à l’influence de la cure. Alors, est-il pertinent de parler de « guérison » en psychanalyse ?

 

[1] Freud, S. (1938). « Abrégé de psychanalyse », in Œuvres complètes, vol. XX, Paris, Puf, 2010, p. 284.

[2] Ibid., p. 265.

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