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Le complexe d’Œdipe, la castration symbolique et la fonction paternelle chez Jacques Lacan

Le complexe d’Œdipe, la castration symbolique et la fonction paternelle chez Jacques Lacan

 
La castration symbolique fait partie intégrante de la situation œdipienne qui se déroule en trois temps. Le premier moment est celui où l’enfant cherche à s’identifier au phallus, soit à qu’il suppose être l’objet du désir de sa mère. Dans ce tout premier temps, l’enfant baigne dans la langue maternelle. Ce n’est pas l’être qui parle, c’est l’être lui-même qui est parlé, avant même sa venue au monde. Le signifiant apparaît avant tout autre chose. La mère va charger de mots et de sens tous les sons, cris, pleurs, agissements de son enfant et les interpréter en autant de demandes auxquelles elle va répondre en satisfaisant le besoin du nourrisson. La mère va interpréter le besoin du bébé sur le plan du désir et ainsi « ce désir dont l’enfant est investi est toujours au début le résultat d’une interprétation subjective, fonction du seul désir maternel, de son propre fantasme. C’est par le biais de l’inconscient de l’Autre que le sujet fait son entrée dans le monde du désir. Son propre désir à lui, il aura avant tout à le constituer en tant que réponse, en tant qu’acceptation ou refus de prendre la place que l’inconscient de l’Autre lui désigne »[1]. Du fait de l’immaturité qui marque l’être humain à la naissance, l’expérience vécue avec la mère prend chez l’infans la signification d’une relation à la toute-puissance dont il dépend pour sa survie. Bien qu’ébauché comme sujet au sortir de la phase identificatoire du stade du miroir, l’enfant est toujours dans une relation d’indistinction fusionnelle. Cette relation est dite fusionnelle dans la mesure où aucune instance extérieure n’est susceptible de pouvoir en médiatiser les enjeux du désir. L’indistinction fusionnelle de l’enfant à la mère résulte donc du fait que l’enfant se constitue comme le seul objet qui peut combler le désir de la mère et le père est pour le moment hors-circuit. L’enfant, en tant qu’objet susceptible de combler le désir de la mère est identifié à son phallus. Ce moment d’identification phallique est strictement imaginaire élude la médiation de la castration et, de ce fait, la convoque d’autant mieux.
 
C’est le second temps du complexe d’Œdipe, celui « où l’enfant est incontournablement introduit au registre de la castration par l’intrusion de la dimension paternelle. »[2] De cette opération « choit un reste, indestructible, le désir. C'est en elle, la mère, première incarnation de l'Autre, que l'enfant va puiser les signifiants où son désir pourra s'articuler. »[3]
Mais pour cela, il faudra l’introduction de la Loi symbolique assuré par le père, non pas réel mais celui nommé comme tel, le père symbolique, agent de la castration. La médiation paternelle agira à la fois au niveau de la frustration, de la privation, mais surtout de la castration puisque le père interdit la mère à l’enfant mais aussi, l’enfant à la mère. La figure paternelle sera ainsi doublement investie par l’enfant sous les atours d’un père privateur et interdicteur :
  • privateur puisqu’il est oppose à la mère la possibilité d’être comblée par le seul et unique objet de désir qu’est son enfant ;
  • interdicteur puisqu’il empêche l’enfant de l’avoir toute à lui

 

[1] Piera Aulagnier dans Lacan, J. L’identification, Document interne à l’Association freudienne internationale, 2016, p. 267.

[2] Dor, J. Introduction à la lecture de Jacques Lacan. L’inconscient structuré comme un langage, Editions Denoël, 1985, p. 103.

[3] Casanova, B. « Psychanalyse et langue maternelle », in Langue française. Langue maternelle et communauté linguistique, n°54, 1982, p.113.

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