/
/
  1. Accueil
  2. Psychanalyse
  3. La privation chez Jacques Lacan
Retour

La privation chez Jacques Lacan

La privation

Elle renvoie à l’objet freudien du sevrage, objet perdu et retrouvé sous une forme hallucinée dans le réel. Cette privation fondamentale de l'objet de satisfaction impulse le mouvement de la répétition où l’être va s'attacher à retrouver cet objet, en vain. L'objet a pour fonction de complémenter un trou, « un abîme dans la réalité »[1], ou encore un manque dans le réel.

La privation s’ordonne en effet sur le registre du réel mais l’objet de la privation est symbolique. En effet, c’est parce que l’enfant sera privé qu’il va pouvoir passer au registre de la demande et donc du symbole.

 

Le sevrage représente une crise puisqu’il est la première rupture, première interruption de relation que connaît l’enfant et à laquelle il va pouvoir répondre par une solution mentale afin de réguler cette tension vitale.

« Nous ne parlerons pas ici avec Freud d’auto-érotisme, puisque le moi n’est pas constitué, ni de narcissisme, puisqu’il n’y a pas d’image du moi ; bien moins encore d’érotisme oral, puisque la nostalgie du sein nourricier ne relève du complexe de sevrage qu’à travers son remaniement par le complexe d’Œdipe. »[2]

 

Pour lui, il s’agit là de « cannibalisme fusionnel, ineffable, à la fois actif et passif ».

 

Il est intéressant de noter plus loin ce que Lacan dit au sujet de la mère, elle qui « reçoit et satisfait le plus primitif de tous les désirs »[3], en même temps qu’il garantit la survie de l‘enfant. L’imago maternel issu de cette période reste ancrée chez chacun et donne sa puissance et sa singularité au sentiment de la mère pour son enfant. Lacan explique et précise que les complexes ne répondent pas à des fonctions organiques, n’ont pas de rapport avec l’organique. Au contraire, ils interviennent, se forment, là où l’organique bute : « le complexe, unité fonctionnelle de ce psychisme, ne répond pas à des fonctions vitales mais à l’insuffisance congénitale de ces fonctions »[4].

 

Lacan indique alors que cet objet, qui manque dans le réel de la privation, ne peut être donné comme manquant à sa place que dans l'ordre symbolique : la privation est réelle, mais l'objet est symbolique. Concernant l’objet sein, il est foncièrement perdu, ce qui veut dire que le manque n’implique pas sa présence ailleurs. Cela signifie que cet organe ne prend ses fonctions comme cause de la pulsion orale que d’être l’objet de la décomplétude qui s’installe sans retour avec le sevrage.

Si l’agent est ici imaginaire, c’est parce que l’enfant imagine que le père prive la mère de lui, l’enfant, comme unique objet de son désir.

 

[1] Lacan, J. Le séminaire, livre IV. La relation d’objet, Paris, Ed. du Seuil, 1994, p. 23.

[2] Lacan, J. (1938). « La famille : le complexe, facteur concret de la psychologie familiale. Les complexes familiaux en pathologie, in Autres écrits, Paris, Ed. du Seuil, 2001, p. 33.

[3] Ibid., p. 34.

[4] Ibid., p. 35.

Me contacter
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
Écrire à Julie Billouin
create Me contacter