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La castration dans l'œuvre freudienne

La théorisation de la castration fut une découverte fondamentale de la pensée freudienne, tant du point de vue théorique que clinique, et court en filigrane dans toute l’œuvre de Freud. Le terme de castration est associé à différents mots (complexe, angoisse, menace, terreur) et se réfère à ce que redoutent les petits garçons, à savoir l’ablation du pénis. Ainsi, le complexe de castration renvoie au sentiment inconscient de menace, éprouvé par l’enfant, lorsqu’il constate la différence anatomique des sexes.

Cette menace de castration passe par l’entendu et le vu. L’entendu renvoie à la menace de castration, entendue ou fantasmée, faite par le parent vis-à-vis de l’enfant, à l’occasion d’activités masturbatoires. Cette menace de castration prendra effet quelques temps plus tard, en après-coup, lorsqu’entrera en jeu pour l’enfant une constatation indispensable à l’apparition du complexe de castration, celle de la différence anatomique des sexes.

 

Dans leur Vocabulaire de la psychanalyse, Laplanche et Pontalis nous rappellent que Freud place l’acte de castration dans les fantasmes originaires :

« (…) fantasme parce que la castration, pour produire ses effets, non seulement n’a pas à être effectuée ni même à faire l’objet d’une formulation explicite de la part des parents ; originaires - même si l’angoisse de castration, ne survenant qu’à la phase phallique, est loin d’être première dans la série des expériences anxiogènes - en tant que la castration est une des faces du complexe des relations interpersonnelles où s’origine, se structure et se spécifie le désir sexuel de l’être humain. C’est que le rôle que la psychanalyse fait jouer au complexe de castration ne se comprend pas sans être rapporté à la thèse fondamentale - et sans cesse plus affirmée par Freud - du caractère nucléaire et structurant de l’Œdipe. »[1]

 

Ainsi, le garçon dépasse l’Œdipe et surmonte la crise de la castration en accédant à l’identification paternelle seulement s’il accepte de renoncer à l’usage de son pénis comme instrument de son désir pour la mère. En ce sens, le complexe de castration doit, selon Laplanche et Pontalis « être référé à l’ordre culturel où le droit à un certain usage est toujours corrélatif d’une interdiction. Dans la « menace de castration » qui scelle la prohibition de l’inceste, vient s’incarner la fonction de la Loi en tant qu’elle institue l’ordre humain, comme, de façon mythique, l’illustre dans Totem et Tabou la « théorie » du père originaire, se réservant, sous menace de châtrer ses fils, l’usage exclusif des femmes de la horde »[2].

Ainsi, la castration, sous toutes les formes où elle apparaît dans la vie psychique, telle qu’elle est interprétée théoriquement par Freud, est omniprésente, en rapport direct avec le complexe d’Œdipe, achoppant quelque peu à propos de la sexualité féminine mais ancrée dans la différence des sexes et celle des générations. A partir d’observations cliniques réalistes, telle que celle du petit Hans, Freud a effectué un parcours théorique qui l’a amené à dépasser la clinique pour déboucher sur des considérations épistémologiques fondamentales.

 

La castration n’est pas seulement un fantasme d’enfant menacé :

« (…) ce fantasme, inclus dans un complexe et dans la situation œdipienne, se montre non seulement organisateur de la vie psychique de l’individu, mais aussi prototypique de la "coupure" qui, à l’encontre de la fusion, permet l’individuation et les processus secondaires (temporalité, succession, langage, élaboration psychique, pensée etc.) »[3].

 

C’est dans cette perspective que Lacan a insisté sur la castration symbolique, reconnaissant au phallus sa valeur organisatrice de la différence. En tant qu’organisateur de la vue psychique, le complexe de castration connaît des ratés, soit parce qu’il n’a pas été lui-même suffisamment élaboré pour être efficient, soit parce qu’il apparaît débordé dans son rôle. Le sujet se trouve alors en prise directe pour la désintrication pulsionnelle et soumis aux pulsions de destruction. Dans les fonctionnements psychotiques, loin d’être structurante, l’angoisse de castration consiste en une terreur dans le même registre que les angoisses archaïques de morcellement. Le complexe de castration est fondamentalement organisateur de la vie psychique en tant qu’étape reprenant en après-coup les angoisses et détresses antérieures, y compris les plus précoces, mais étape aussi dans la constitution du surmoi. C’est à partir du rôle de ce dernier que s’effectueront les éventuels renoncements pulsionnels sous la pression du sentiment inconscient de culpabilité et du besoin de punition, renoncement souvent dommageables pour l’individu mais nécessaires au processus civilisateur, soit à la production de la conscience et de la pensée.

 

Francis Drossart nous rappelle le poids de l’imaginaire relié à ce complexe de castration découvert par Freud. Il définit comme névrose, dans son article sur « la névrose » du Dictionnaire international de la psychanalyse, «  des troubles psychiques sans substratum anatomique décelable et dont la symptomatologie est liée au conflit intrapsychique entre des scénarios fantasmatiques inconscients, associés au complexe d’Œdipe, et les défenses qu’ils suscitent »[4].

 

Le complexe de castration est ainsi constitué de deux représentations psychiques :

  • la reconnaissance, qui implique le dépassement du déni initial, de la différence anatomique des sexes ;
  • la conséquence de ce constat, remémoration ou actualisation de la menace de castration pour le garçon, menace entendue ou fantasmée à l’occasion d’activités masturbatoires, qui vient se manifester dans l’après-coup. Pour Freud, le père est l’agent, direct ou indirect, de cette menace. Chez la fille, la castration est attribuée à la mère sous la forme d’une privation de pénis.

 

[1] Laplanche, J., Pontalis, J-B. Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, Puf, 2007, p. 77.

[2] Ibid., p. 78.

[3] Ibid., p. 293.

[4] Drossart, F. « Névrose » in Dictionnaire international de la psychanalyse, Alain de Mijolla (dir.), Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2013, p. 1150.

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