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Définition psychanalytique des trois manques : privation - castration - frustration

Avant tout chose, rappelons que la notion de manque n’est pas une innovation lacanienne. Elle est la substance même de la notion de pulsion chez Freud, pour qui la pulsion orale vise ce qu’il appelle la satisfaction première. Elle ne vise pas le sein en tant que tel mais le sein en tant qu’il a été la source d’une satisfaction marquée de cette expérience là. Le sein fonctionne comme la cause du désir oral pour autant qu’il a fait l’objet d’un sevrage, d’une coupure subie par le sujet comme d’une partie de lui-même. La perte de cet objet, à jamais perdu, « l’habilite à fonctionner comme le gardien d’un désir qui subsiste comme manque »[1].

Au niveau anal, la perte est réelle, celle d’une partie qui se détache du corps. Aux objets anal et oral, Lacan ajoute le placenta et les recherches actuelles confirment que cet organe qui relie la mère et l’embryon afin de le nourrir, est bien constitué de ses propres tissus et non de ceux de la mère.  

 

Nous devons à Lacan d’avoir éclairci l’éclairage théorique psychanalytique grâce à sa distinction des trois registres Réel, Symbolique et Imaginaire qui implique différents niveaux de lecture concernant l’apport freudien et même l’écoute psychanalytique. Grâce à ce repérage, Lacan opèrera une autre distinction fondamentale, celle des trois modes du manque d’objet qu’il développe dans ce séminaire la relation d’objet.

Rappelons que Freud, dans une petite note de bas de page, indique que ce qui compte dans la clinique psychanalytique n’est pas la cause mais la relation d’objet.

 

Lacan nous livre une tripartition grâce à ce tableau[2] :

 

AGENT

MANQUE

OBJET

Père réel

Castration symbolique

Phallus imaginaire

Mère symbolique

Frustration imaginaire

Sein réel

Père imaginaire

Privation réelle

Phallus symbolique

 

 

Cette homologie est directement le résultat de ce qu’il avance déjà en 1938 dans les « Complexes familiaux » où il décrit en trois temps le développement de l’enfant non linéaire puisqu’ils impliquent chaque fois l’après coup ou ce que Lacan nomme le « temps logique ». Ces trois temps, appelés complexes, sont les suivants :

  • le complexe de sevrage qui implique la privation
  • le complexe d’intrusion qui implique la frustration
  • le complexe d’Œdipe qui implique la castration

 

Chacun de ces termes – privation, frustration, castration, dans l’ordre chronologique - désigne le manque d’objet en cause dans le complexe à savoir que c’est à la sortie du complexe, lorsque le manque est réalisé, qu’entre en jeu le mode de manque. Autrement dit, chacun des complexes prend fin lorsqu’intervient le suivant. Ainsi, le bouclage du complexe d’Œdipe ne va pas sans la remise en circuit des complexes précédents, véritables organisateurs de la personnalité.

 

Pour ordonner rétroactivement frustration et privation à partir de la castration, Lacan évoque la phase prégénitale dans ce texte, et non préœdipienne. Il précise que la privation implique une symbolisation à quoi la frustration doit avoir introduit le sujet. Et de la même façon, la frustration est désignée comme fondement de l’Œdipe lequel correspond au temps suivant.

 

 

[1] Safouan, M. La psychanalyse. Science, thérapie – et cause. Vincennes, Editions Thierry Marchasse, 2013, p. 15.

[2] Lacan, J. Le séminaire, livre IV. La relation d’objet, Paris, Ed. du Seuil, 1994, p. 215.

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