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Fiche de lecture de l'oeuvre de S. Freud : Tome II, Etudes sur l'hystérie (1895)

 

Etudes sur l'hystérie (Freud et Breuer 1895)

 

L’ouvrage, publié en 1893, est considéré comme le point de départ de la psychanalyse et fut nourri de la rencontre entre Sigmund Freud et J. Breuer en 1877-1878.

Il se compose de quatre grandes parties :

  • Du mécanisme psychique des phénomènes hystériques

  • Histoire de malades

  • Considérations théoriques

  • Sur la psychothérapie de l’hystérie

et de textes annexes.

Nous pouvons noter, dans les dernières lignes de la première préface, les premiers échos de désaccord entre les deux protagonistes.

Dans la deuxième préface (2è édition de 1909), il est intéressant de noter la distance que J.Breuer a prise en arrêtant sa pratique clinique avec ces malades. Celui-ci n’a donc rien de plus à ajouter à la nouvelle édition de l’ouvrage.

Quant à Freud, il déclare que son point de vue et sa méthode ont beaucoup évolué mais souhaite garder le texte intact, considéré comme ses premières approches à conserver et ayant nourri ses réflexions ultérieures (« germes de tous les ajouts ultérieurs à la doctrine de la catharsis »)

     1) Le mécanisme psychique des phénomènes hystériques

 

Ce premier texte, publié en 1893 dans une « Communication préliminaire », est une présentation de la méthode utilisée par Freud et Breuer pour traiter leurs patients atteints de phénomènes hystériques. Freud déclare rechercher la « cause occasionnante » des symptômes hystériques et que pour ce faire, l’interrogatoire du malade s’avère être une méthode insuffisante, du fait que le patient ne se rappelle pas des évènements passés car trop désagréables ou oubliés. L’hypnose s’avère être donc une alternative permettant de réveiller le souvenir de l’époque où le symptôme est apparu. Divers éléments importants sont mentionnés dans ce texte :

- le fait que l'événement traumatique et son souvenir (évènements appartenant souvent au temps de l‘enfance), bien qu'oubliés consciemment, font toujours effet à travers le symptôme. Les symptômes (névralgies, anesthésies, paralysies, accès hystériques, convulsions épileptoïdes, tics, vomissements, amnésie, contractures etc.) sont corrélés au trauma, d’une façon plus ou moins évidente.

- La cause efficiente de la névrose traumatique peut être des affects pénibles tels que l’effroi, l’angoisse, la honte, la douleur psychique qui, corrélés à une sensibilité personnelle (dispositions du sujet) qui engendre un trauma psychique.

- L’hystérie peut être causée par un traumatisme unique (hystérie traumatique) ou une somme de traumas partiels (hystérie ordinaire). Ce(s) trauma(s) agit à la manière « d’un corps étranger exerçant une action dans le présent », et non comme un agent provocateur du passé engendrant des symptômes devenus autonomes.

- Les symptômess peuvent être supprimés aussitôt et sans retour une fois le souvenir de l’épisode occasionnant révélé AVEC l’affect engendré. Cela suppose une description précise de la scène (détails) et une mise en mot de la part du malade. Une remémoration sans affect n’aurait aucun effet.

« L’hystérique souffre pour la plus grande part de réminiscences » (p26).

Freud insiste donc sur l’effet intense des expériences vécues et leurs conséquences éventuelles dans la vie ultérieure des malades (après-coup).

- Pourquoi certains symptômes ne sont-ils pas soumis à l’usure ? si l’affect ressenti pendant l’événement n’est pas déchargé » (par l’action ou les mots), la réaction est alors réprimée et l’affect reste lié au souvenir, « la tonalité affective est conservée » nourrissant alors les symptômes ultérieurs. Comment décharger les affects pénibles ? par l’abréaction ou la rectification par des éléments positifs du contexte. Ces souvenirs non oubliés font défaut à la mémoire des malades et correspondent à des traumas insuffisamment déchargés → Traumas psychiques non liquidés par la réaction ni l’élaboration associative. « Les représentations devenues pathogènes conservent leur fraicheur et leur force d’affect que leur est refusée l’usure normale par l’abréaction et par la reproduction dans des états d’association non inhibée » (p32).


- La réaction au trauma n’est pas possible car :

« Les malades n’ont pas réagi au traumatisme psychique parce que la nature même de ce dernier excluait toute réaction, comme lors d’une situation sociale qui rend toute réaction en public impossible ».

« La maladie n’est pas déterminée par des souvenirs, mais bien par l’état psychique du sujet au moment où s’est produit l’événement traumatisant ».

- Freud évoque la notion de la "double conscience" et d’un clivage de la conscience/double conscience, qui suppose que "les malades ne gardent nulle trace des incidents en question ou alors de la manière la plus sommaire". Freud parle de « double conscience » dans l’hystérie avec l’apparition d’états de conscience anormaux : « états hypnoïdes ». Pour lui, « les groupes de représentations présents dans les états hypnoïdes de l’hystérie et qui demeurent isolés des autres représentations représentent le rudiment d’une seconde conscience ». « Les représentations qui émergent sont intenses mais coupées de la circulation associative avec le reste du contenu de la conscience ». Ces états hypnoïdes sont le fondement de la névrose et sont la source des phénomènes hystériques.

« C’est à la sexualité, source de traumatismes psychiques, et facteur motivant du rejet et du refoulement de certaines représentations hors du conscient, qu’incombe, dans la pathogénèse de l’hystérie, un rôle prédominant » (Citations tirées de l’Avant propos à la première édition1895)

- Freud déclare que l’on ne guérit pas de l’hystérie (disposition) mais que l’on peut en éliminer les symptômes.

- Freud évoque ainsi dans ce texte dela Thérapie par la catharsis, ancêtre de la psychanalyse qui agit grâce à l’hypnose et à la suggestion, et qui a pour objectif de remémorer le souvenir et de décharger l’affect lié au souvenir par la parole. Le traitement par catharsis « supprime l’efficience de la représentation non abréagie à l’origine en permettant à l’affect coincé de celle-ci de s’écouler par la parole, et elle amène cette représentation à la correction associative en ltirant dans la conscience normale » (p38).

Freud évoque pour finir ce texte qu’il avance dans la mise à découvert du mécanisme psychique des phénomènes hystériques mais qu’il ne sait encore rien des causes internes à l’hystérie ni de la significativité du facteur accidentel pour la névrose.

Ainsi, après avoir posé les bases de son traitement, Freud passe aux exemples pratiques tirés de l’observation de sa pratique privée.

 

     2) Histoire de malades

 

a) Anna O (Breuer)

Ici, Breuer aborde le cas d'une patiente de 21 ans qui présente de nombreux symptômes hystériques touchant la vue, les jambes, le langage, la reconnaisance des personnes proches... Elle présentait également une alternance de moments de lucidité et de moments d'absences (réveries diurnes, hallucinations). Breuer précise que « l’élément sexuel est étonnamment peu marqué » dans ce cas, ce qui est très paradoxal quand on connaît l’importance accordée par Freud à l’étiologie sexuele des hystéries. Breuer explique avoir guérie Anna par le biais de l’hypnose en lui faisant revivre ses souvenirs dans toute leur intensité, en partant du plus récent pour arriver au plus ancien. Les symptômes sont « défaits par le récit ».

On note les prémices d’un traitement par la parole imposée par la malade et qu’elle nomme « talking cure ».

On note également que les symptômes sont « dénués de sens » pour la malade et qu’il est alors nécessaire de mettre le patient sous hypnose pour comprendre le symptôme car l’interrogatoire ne mène à rien.

Freud est alors surpris de liquidations spontanées de symptômes.

 

b) Emmy Von N (Freud)

C'est une patiente de 40 ans que Freud va traiter par hypnose mais aussi massages, suggestion hypnotiques et bains chauds. Elle présente des symptômes corporels, un claquement de la langue, des hallucinations, des angoisses importantes...Au niveau de la méthode Freud termine son exposé en soulignant l'idée que l'élimination du symptôme par l'hypnose serait efficace si il y a une expression par la patiente des émotions liées à ce qui fait trauma et qu’un récit incomplet dans l’hypnose n’a aucun effet thérapeutique son traitement par hypnose suppose des ordres donnés et des objectifs de « convaincre » la patiente de la part de Freud. Comme pour Anna O, le côté sexuel est absent de manière consciente. Freud évoque cependant le fait qu’Emmy Von N aurait pu s‘épuiser d'avoir lutté contre ses désirs sexuels. Il donne une définition des symptômes hystériques comme étant « des affects et des restes d’excitation qui on influencé en tant que traumas le système nerveux » (p104).

Il est aussi intéressant de noter que Freud réfute l’idée de Janet selon laquelle les malades hystériques souffrent d’une étroitesse anormale du champ de la conscience et de performance amoindrie. Au contraire, sa patiente est d’une « surperformance psychique » (p123).

 

c) Lucy R (Freud)

Ne pouvant utiliser l’hypnose, Freud se résout à traiter la patiente dans un état conscient, mais pour lui, sans hypnose somnambulique il n’y a pas de catharsis possible. Il « exige donc de la patiente de la concentration et ordonne au malade de s’allonger et de fermer les yeux afin d’obtenir celle-ci ». Il s’agit « d’obliger le malade à forcer à révéler ce qui peut avoir une importance pathogène » grâce à la suggestion et après avoir mis la main sur la tête du malade. Il faut obliger le malade à se rappeler d’une « certaine représentation qui a été intentionnellement refoulée du conscient et exclue de l’élaboration associative ».  

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