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Suite à la première offensive de l’ARS contre la psychanalyse

Ce lundi 14 avril 2014, les cliniciens du RPH, et quelques autres défenseurs de la psychanalyse, étaient au rendez-vous lancé par le Dr J.P Drapier, médecin directeur du CMPP d’Orly, qui pousse un cri d’alarme concernant la question du traitement des enfants autistes.

 

En effet, cet appel fait suite au refus de l’ARS de rembourser une journée de formation à des psychologues du CMPP qui s’étaient rendu à la journée « Le psychanalyste et l’autiste », organisée par l’EPFCL (Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien). Ainsi s’exprimait Mme Marouz, au nom de l’ARS, dans le courrier envoyé au Dr Drapier :

 

«  Vous indiquez que Mme V. et M. DE D. ont participé à une formation de l’Ecole de psychanalyse des Forums du Champ Lacanien le 29 septembre 2012 intitulée « Le psychanalyste et l’autiste ». Tel que mes services vous l’ont indiqué lors de la rencontre du 13 novembre 2013, je vous rappelle que les recommandations de la Haute Autorité de la Santé relatives aux interventions auprès des enfants avec TED et autisme de mars 2012 ont classé comme non consensuelles les interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle. Sont recommandés auprès de l’enfant avec autisme ou TED les interventions personnalisées, globales et coordonnées fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale. De ce fait, je rejette la dépense de formation d’un montant de 80 €. Conformément aux recommandations de la Haute Autorité de la Santé, cette dépense ne peut être considérée comme justifiée par les nécessités de gestion normale de l’établissement. »

 

Ce geste, aussi symbolique soit-il, est une attaque historique de la part de l’Etat envers la communauté psychanalytique, mais pas seulement, elle porte également atteinte à la liberté de formation des professionnels de la santé mentale.

 

Le document de l’HAS stipule que le traitement psychanalytique des enfants autistes n’est pas « consensuel » mais de là à ce qu’il soit exclu, voire interdit, de la prise en charge de ces enfants, là le pas de trop est franchi !

 

Que les parents, noyés par leur souffrance et leur détresse, choisissent une méthode comportementale qui ne laisse absolument pas la possibilité à l’enfant de trouver une voie d’apaisement véritable, cela est une chose. Mais que l’Etat vienne mettre les pieds dans le plat et soutenir cette démarche, ce pugilat contre la psychanalyse, seule méthode pourtant à même de laisser à l’être la possibilité d’une subjectivation psychique, cela n’est pas recevable et notre réponse doit être claire et immédiate.

 

La psychanalyse, bien qu’elle soit née il y a plus d’un siècle, qu’elle ait permis et permette encore de guérir, d’apaiser, de jouir d'une vie harmonieuse et tranquille à de nombreux individus qui ont le courage de s’y frotter, a toujours été critiquée, en tout temps, et cela ne changera pas, je le regrette.

Mais les témoignages de l’efficacité et de l’effet de la psychanalyse sont indéniables et ils sont nombreux. Alors pourquoi est-elle si décriée ?

 

La première raison est que la façon d’ « évaluer » les effets de la psychanalyse ne peut pas s’aligner sur celles des méthodes comportementales et cognitives, dont leurs effets, aussi spectaculaires et rapides qu’ils puissent paraître, n’indiquent en rien une quelconque avancée subjective de l’être. L’évaluation de la méthode psychanalytique ne peut pas s’aligner sur les mêmes modes d’évaluation tout simplement parce que la psychanalyse ne conditionne pas le comportement mais prend en charge l’être dans sa globalité, et sa complexité. Comparons le comparable ! La psychanalyse ne s’évalue qu’au cas par cas, dans la clinique, à travers les données que le clinicien récolte dans la cure qu’il assure : il s’agit de comparer l’état de l’individu lorsqu’il entre pour la première fois dans le cabinet du psychanalyste et l’état dans lequel il en sort après une traversée de cure. Cela ne se compare pas entre individus, car deux individus ne se comparent pas.

 

Je pense là un exemple clinique que nous a donné le Dr Drapier lors de cette réunion qui suffit à lui seul à comprendre les effets des interventions psychanalytiques. Il nous indiquait qu’il avait reçu, au sein de son institution, une enfant autiste qui, grâce à la psychanalyse, mais pas seulement - il serait peut-être judicieux de dire que le traitement psychanalytique des enfants autistes, du fait même de la complexité de ce syndrome, ne correspond pas à la cure analytique type mais s’exerce bien en interdisciplinarité – alors qu’à l’époque elle ne parlait pas, aujourd’hui est en école d’ingénieur.

 

La deuxième cause du désaveu de la méthode psychanalytique est à chercher du coté des psychanalystes eux-mêmes qui ne sont pas généreux à montrer leur clinique et défendre la psychanalyse comme il se doit. Pourtant, la psychanalyse, et les psychanalystes, sont d’une excellente qualité en France, si seulement ils pouvaient en dire un peu plus sur ce qu’ils font, et comment ils le font, dans leur cabinet ou en institution.

Eh bien ! Les psychanalystes aussi ont leur rôle à jouer dans cette affaire, car ils ont toute leur place à défendre dans le traitement de cette pathologie si invalidante qu’est l’autisme qui requiert, je vous en prie, un peu plus que du comportementalisme.

 

Il est de notre responsabilité, à nous tous, psychologues, psychothérapeutes, psychanalystes, qui travaillons avec la psychanalyse au cœur, de montrer notre clinique et d’en informer le plus grand nombre, y compris les parents, y compris l’Etat.

 

Et pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’effet de la méthode psychanalytique, sur de nombreuses pathologies, symptômes, souffrances, je les invite à venir nous rencontrer et discuter lors prochain colloque du RPH, à l’automne 2014, qui portera justement sur les effets de la clinique psychanalytique.

 

A bon entendeur ! 

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